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TACHICHAWTE N'WORGH (2eme Partie)

TACHICHAWTE N'WORGH (2eme Partie)

Chapitre 6 : Les révélations d’Ali Tachichawte fut donc informée par son père de la décision de l’assemblée des Jnounes qui lui demanda d’en avertir son mari. Elle attendit quelque jours pour que la pleine lune soit au rendez-vous. Après avoir servi un breuvage qu’appréciait Ali et qu’elle est la seule à savoir préparer. Il dit à son mari d’une voix douce : Tu sais mon chéri que ma demande auprès de mon père a été acceptée ? De quelle demande lui dit Ali ? Celle de t’autoriser à te marier avec une fille de ta communauté ! Je n’ai jamais formulé une telle demande ! Tu sais bien que je t’aime, et que je te préfère à toutes les filles de mon ksar Je ne doute point de ton amour Ali. Mais je ne veux pas être égoïste. Tu m’as donné deux petits superbes Jnounes en Ousm et Tihly ; à mon tour j’aimerais te voir assurer ta descendance parmi les Inss ! Et la seule manière de le faire est d’épouser une fille qui te plait et qui enfantera de beaux enfants. Ne t’en fais pas je serai là et je veillerai à ce qu’ils ne manquent de rien. Et puis Ousm et Tihly apprécieront d’avoir un demi-frère ou une demie sœur. Mais qui vais-je épouser ? Interrogea Ali Je pense que Tahammoute sera une bonne seconde épouse pour toi, quant à moi je suis certaine que tout se passera bien. Il te reste donc à l’approcher et la mettre au courant de notre ménage. Tu la rassureras que personne de votre communauté ne sera au courant, à part nous trois. Le moment de surprise passé, Ali dit à Tachichawte : dès demain je lui demanderais ; mais en cas où elle refuserait, il serait au courant de notre mariage, et peut être qu’elle en parlera à ses amies et à ses parents ? C’est un risque en effet, mais c’est un risque qui vaut la peine d’être pris répondit Tachichawte. Le lendemain après la prière d’El Asr, Ali s’arrangea pour passer tout près du champ où Tahammoute était en train de faucher de la luzerne. Il lui dit bonjour et tout de suite enchaîna et lui dit : Talmoute (la prairie ou le pré) est toujours interdite aux purs-sangs ? Où sont les purs-sangs ? Moi je n’en vois qu’un seul ! et ce mustang refuse de paître ! Je ne pense pas qu’il ait un cheval qui n’aimerait pas goûter de son herbe ? Et pourtant c’est ce qui se passe. La bonne et tendre herbe et là , le cheval l’ignore et la laisse devenir dure et difficile à manger. Et si le cheval se présente et demande à pénétrer dans le pré demanda Ali ? Non seulement la porte lui sera ouverte, mais les clôtures seront toutes enlevées pour lui. Après ces échanges de Taqarfiyte, Ali comprit que Tahammoute l’aime toujours et qu’elle ne dirait pas non pour devenir son épouse. Reste à l’informer de sa relation qu’il entretient avec Tachichawte N’Wourgh. Il proposa à Tahammoute qui accepta de se retrouver la nuit à Inourire (aires à battre) Tachichawte N’Wourgh fut ravie du déroulement de la rencontre entre Ali et Tahammoute. Elle dit à Ali qu’elle sera présente la nuit avec eux et si les circonstances sont favorables, elle ferait la connaissance de Tahammoute mais cette fois-ci pas pour la punir mais pour lui dire qu’elle est d’accord pour partager le même homme ! Tahammoute se faufila dans les étroites ruelles du ksar, évitant d’être vue par quiconque qui s’interrogerait sur les raisons d’une sortie à cette heure tardive. Ali tout enroulé dans son bernouss l’attendait sous Tagadirte (murette) N’Tghouni (enclos pour vaches). Elle s’assit tout près de lui. Ali sentit le souffle de Tachichawte et comprit qu’elle est, elle aussi tout près mais du coté inverse. Et c’est Tahammoute qui s’adressant à Ali lui dit/ Tes propos de toute à l’heure sont-ils sincères ? Bien sûre qu’ils le sont répondit Ali, Mais je tiens tout de même à te parler plus de moi J’en ai pas besoin répondit Tahammoute. Je te connais sur le bout des doigts ! C’est ce que tu penses lui dit Ali, mais tu ne connais pas tout. Et si tu es prête à accepter je te prendrais comme deuxième épouse dès demain ? Deuxième épouse ? demanda Tahammoute Oui. Répondit Ali. Et je te demande de m’écouter attentivement et de ne me répondre par oui ou par non que lorsque j’aurais fini. Ali raconta à Tahammoute son histoire et sa vie avec Tachichawte. A la fin du récit Tahammoute demanda à Ali. Et où est-elle donc Cette femme dont tu me parles ? Si tu acceptes la proposition, en promettant de garder le secret, je te la présenterai et tu feras sa connaissance dès ce soir. Pour toi j’accepterai d’être la troisième et même la quatrième épouse répondit Tahammoute. Au même moment, apparaît Tachichawte N’Wourgh, toute belle et rayonnante et vint poser un doux baiser sur le front de Tahammoute qui ouvrit grandement les yeux, surprise plus par la beauté que par l’apparition d’une jénia à ses cotés. Tachichawte N’Wourgh rassura Tahammoute et lui dit qu’elle sera une sœur et non une rivale, et qu’ils passeront et vivront des moments de bonheur à trois. Après s’être mis d’accord sur da date du mariage, ils regagnèrent le ksar, Tahammoute chez elle et Ali accompagné se son invisible femme chez lui.

 

Chapitre 7 : Les secondes noces d’Ali, (1er jour de mariage Ighoumi) Tachichawte N’Wourgh insista pour que Tamaghra (le mariage) soit une fête grandiose. Elle dit à Ali et Tahammoute qu’ils n’ont pas de soucis à se faire quant aux moyens financiers et aux trousseaux de mariage. Elle demanda à Ali de s’absenter du ksar en prétextant qu’il se rendait à Fès pour faire des achats. Et c’est ainsi qu’ils partirent tous les deux et passèrent trois jours à Lhamate (sources thermales) entre le tunnel de Zabel et kerrandou. Et une journée à « Charb ouhreb source située avant Tizi n’Taghoumte Hammou le père de Tahammoute a commencé à inviter par groupes les habitants du ksar. Car pour lui la fin des festivités chez lui prendra fin dès le deuxième jour de la fête lorsque sa fille quittera le domicile paternel pour le domicile de son mari. Durant les autres jours que durera la fête, ça sera chez le mari que la fête se poursuivra en assurant la nourriture des danseurs et des invités qui viendront des localités avoisinantes. Le retour d’Ali dans son voyage Ali coïncida avec le premier jour des festivités. ALI invita à déjeuner Issnayen (les messagers) qui seront chargés de remettre avant le coucher du soleil le trousseau à la mariée et de ramener cette dernière le lendemain de bonne heure au domicile de son mari. La délégation formée de trois hommes fut surprise par la qualité du trousseau qu’on lui remit. En effet la valise contenait deux paires de bracelets en argent massif, un collier d’Ihouryen (corail), une tazra d’aloubane (collier en Ambre), un A3bane, deux ikodar, quatre Tsebnay, une paire d’Ikourbine (babouches), un Ahazzam N’ lahrir (ceinture en soie), une Toudrisste (cape en laine) et bien sûr un miroir et un flacon de Khôl. L’un des trois hommes qui est louzir (vizir) qu’on reconnaît par Issaflane de couleur verte qu’il avait placés autour de son turban, tint la valise devant lui sur le mulet qui servira de moyen de transport de la mariée. Devant la maison de Tahammoute un groupe de femmes de tout âge attendait depuis déjà un moment l’arrivée de la délégation. Talghoumte (chamelle) surnom donné à la femme qui est chargée de recevoir le trousseau article par article se tient debout portant sur la tête Tisswite (plateau tissé en feuilles de palmier) sur lequel on posera le trousseau après avoir montré chaque article à l’assistance. Les trois messagers furent accueillis par des youyous et des chants de bienvenue. Au moment de la remise du trouseau s’engagea un dialogue plein d’humour entre Louzir et Talghoumt. Louzir demanda de changer la « chamelle » car dit-il, elle est vieille et elle n’est pas assez forte pour porter tout le trousseau ! La chamelle réagira en lui déclarant qu’elle est assez forte pour porter tout le trousseau et lui avec ! Et c’est ainsi que chaque remise d’un article du trousseau fut suivie d’un échange de dialogue plein d’humour entre les deux personnes. Après la remise de Tariyte (trousseau) on fit rentrer la délégation puis toute l’assistance à l’intérieur de la maison pour le dîner. Des plats de couscous assaisonnés de légumes de saison firent servi aux gens, la délégation fut installée dans un salon à part et eu droit à toutliwines (brochettes de foie enrobées de graisse), accompagnées de verre de thé à la menthe. La cérémonie du henné fut organisée en commun pour les deux mariés devant la porte principale du ksar. Les deux époux furent installés sur un tapis berbère rouge étendu sur Aguertil n’wa3zoufn (natte tressée en feuilles de palmiers) Les femmes qui furent choisies pour passer du henné sur les pieds et les mains d’Ali est de Tahamoute ont été choisies, car elles doivent être des mères de familles qui ont réussi leur premier mariage. L’opération du henné fut accompagnée par des chants implorant le seigneur et son prophète pour que l’union réussisse et que le couple soit à l’abri de tout malheur. Les deux mariés de levèrent pour la danse d’El fal (vœu), où une poésie très ancienne fut dite par le poète attitré de la tribu. Après cette première danse le couple se retira et regagnèrent chacun son domicile, laissant les troupes danser jusqu’à l’aube Pour le mari la suite ne reprendra que le soir du lendemain où il regagnera son épouse dans une maison isolée pour l’accomplissement de l’acte sexuel. D’ici là il aura tout son temps pour se reposer et siroter des verres de thé accompagnés d’amandes et de noix. Au premier chant du coq, louzir et ses deux accompagnateurs se présentèrent pour faire monter Tahamoute sur le mulet et la conduire chez son mari. Le moment des adieux fut très émouvant ni la mère ni la fille ne purent retenir leurs larmes, les chants plaintifs dits exprès pour la circonstance firent pleurer toute l’assistance. En plaça sur le mulet derrière la mariée un petit enfant en signe de présage pour une fertilité de la mariée le convoi prit le chemin vers le domicile d’Ali tout en faisant attention qu’un malin vienne substituer une babouche de Tislite (mariée) qui ne sera restituée que contre la remise d’un Moud (seau d’un volume de dix litres) d’amandes.

 

Chapitre 8 : Le deuxième jour de fête (Ougouz) La mariée avant de se rendre au domicile de son conjoint doit accomplir la visite ou plutôt faire le tour du sanctuaire (Rwadi) et demander sa bénédiction au Saint qui y est enterré. Ce que fit Tahamoute accompagnée d’un groupe de femmes et d’hommes qui n’arrêtaient de chanter. Arrivée devant la porte du ksar, la maman d’Ali présenta à sa future belle fille une carafe remplie de lait et uu bol contenant du beurre. Tahamoute trempa le bout de son drap dans la carafe et aspergea l’assistante. Les femmes et les jeunes filles se cachaient le visage de peur de recevoir une goutte de lait ; car dit-on sur l’endroit qui aurait reçu cette goutte poussera un grain de beauté. Alors que dans d’autres contrées les femmes se dessinent des faux grains de beauté sur le visage ou le cou, chez-nous elles ne considèrent pas qu’un grain noir sur le visage les rendrait encore plus belles qu’elles le sont. De sa babouche Tahamoute appliqua du beurre sur la voûte du portail du ksar. C’est pour demander aux habitants du ksar et à ses nouveaux voisins leur accord d’être un membre de leur communauté. Le même rituel fut répété devant la porte d’entrée de son mari. Le soir après le dîner tout monde fut invité à se rendre devant la porte du ksar pour danser Ahidouss. Seuls restaient à la maison les deux mariés accompagnés de leurs deux vizirs qui ont pour rôle de détendre l’atmosphère avant l’acte de défloration. A l’étage d’en bas se tenaient deux femmes qui sont plus stressées que tout le monde. Ces deux femmes sontles mamans des deux mariés. La maman de Tahamoute ne sera tranquillisée que lorsque elle s’assurera que sa fille a pu et à su garder sa virginité jusqu’à son mariage. La maman d’Ali a un souci différent. Il faut que son enfant soit un homme capable d’accomplir la défloration de son épouse sans difficultés. Le temps semblait ne pas avancer pour les deux mamans. L’attente fut insupportable pour les deux femmes, elles ne furent tranquillisées que lorsque Fadma la vizir de Tahamoute les rassura que tout va bien et que les deux mariés sont en train de boire du thé et croquer des amendes. Profitant de la sortie du salon de la vizir qui est allée faire cuire les brochettes, Tachichawte N’Wourgh qui n’avait d’ailleurs jamais était loin, fit son apparition. - Qu’attendez-vous leur lança-t-elle ? Les gens attendent dehors et vos moments ne sont pas aussi détendues que vous. Elle s’approcha de Tahamoute l’aida à se déshabiller, elle lui chuchota dans l’oreille qu’elle a un joli et beau corps, ce qui fit sourire Tahamoute. Ali lui n’avait pas besoin d’aide pour se débarrasser sans aucune pudeur de son Akidour. Il ne fit pas comme ceux qui le tiennent entre les dents pour durant l’accomplissement de l’acte sexuel ! Quand les deux vizirs se présentèrent devant la porte du salon avec des brochettes bien grillées et une tisswite contenant du pain, c’est Ali qui se présenta devant eux pour leur remettre A3bane blanc taché de sang. Sans se contrôler et dans un élan de joie Fadma lança un long youyou qu’on entendit de loin. Les deux mères accoururent et s’embrassèrent quand elles virent A3bane taché de sang de Tahamoute : preuve de sa virginité. A l’extérieur du ksar les parties d’Ahidouss se succédèrent les une après les autres. Les joutes oratoires entre poètes se faisaient accompagnées d’applaudissements et de youyous. Soudain, Ali habillé d’une djellaba blanche fit son apparition et vint danser, les youyous fusèrent de partout c’est le signal comme quoi l’acte a été consommé. Une fille se pencha vers une de ses amies et lui dit : J’aurais aimé être à la place de Tahamoute.

 

Chapitre 9 : Le troisième jour de fête ( Assas ), A l’aube du troisième jour de fête alors que le couple était encore enlacé savourant ainsi leur première nuit d’amour dans le même lit, ils furent réveillés par une mélodie très douce qu’une dizaine de femmes sont venues chanter sous leur fenêtre. Ce chant qui prélude à une vie d’amour et de bonheur disait : Bonjour la mariée, bonjour la sainte Que dieu m’aide comme il a aidé les chameau Qui sur leurs dos, portent le henné et le rihane Qui ne se fatiguent pas malgré la lourdeur de leur charge C’est à toi seigneur, toi le plus grand A qui j’implore aide et assistance Pour que je puisse être à la hauteur De ce que tu attends de moi Dieu le miséricordieux, ait pitié de mon père et de ma mère Ainsi de tous ceux, avec tes prophètes ont construit des lieux de culte Le jour s’est-il levé, ou ne l’est-il pas encore ? De chez-moi, j’entends le bruit des sabots des chevaux Dis-moi ma fille, quel est ton vœu et que désire-ton cœur Un jeune et bel homme, c’est le vœu de mon cœur, chère maman Toi Tislite tu es aussi belle que le palmier du jardin royal Ce beau jardin protégé par de hautes murailles Là où pousse le safran aux belles couleurs Qui attirent les regards et attisent les saveurs Dis-moi ma fille, as-tu passé une bonne nuit ? Oui, aussi belle que lorsque bébé j’étais dans tes bras maman Dis-moi ma fille, as-tu fait de beaux rêves Mon beau rêve maman, je l’ai vécu cette nuit. Dis-moi ma fille es-tu heureuse dans ta nouvelle vie Aussi heureuse que lorsque, je te tétais et te regardais maman Dis-moi ma fille comment trouves-tu ton époux ? Bien meilleur que le plus doué de nos cavalier maman …etc. Réveillé par ce doux chant, Ali s’étira avant d’ouvrir un œil et regarder avec tendresse sa deuxième épouse. Il lui déposa doux baisers sur le front et la réveilla. Ils discutèrent un instant du programme de la journée et de tous les rituels qu’ils sont appelés à accomplir. Ils se rendirent dans le grand salon où de nombreuses personnes les attendaient. Le petit déjeuner ne fut pris que lorsque la maman d’Ali avait fini d’arroser les plats de « T3am » avec du beurre fondu qu’elle versait sur les mains des nouveaux mariés. Puis Tahamoute se retira pour se reposer avant d’aller se maquiller pour sa première apparition en public en tant que femme mariée. En effet la soirée du troisième jour est plus qu’importante, car c’est au cours de cette soirée que la mariée est pour la première fois coiffée en femme mariée abandonnant définitivement « Taguendouyte » de jeune fille. Cette distinction par la coiffure permet aux hommes qui sont à la recherche d’une épouse de reconnaître les jeunes filles, et d’éviter d’aborder ou de s’adresser aux femmes mariées. Car chez-nous, Takarfiyte ou (le badinage) la drague (ôtée de son sens péjoratif) est une tradition courante. Durant quelques semaines et quelquefois plusieurs mois, les garçons et les filles discutent et font connaissance, ces discussions informelles et sans engagement, peuvent conduire à une union et donc à un mariage si il y a affinité, comme ils peuvent prendre fin à chaque instant. Ces échanges qui permettent aux jeunes de bien se connaitre. En fin d’après-midi et avant que le soleil disparait derrière les hauts sommets du haut Atlas,, Tahammoute portant un voile (A3broq) fut conduite vers la grande place devant le ksar. La place était pleine de monde. Les danseurs étaient arrivés des ksars de toute la vallée. Quand on annonça l’arrivée de « Tislite » les danseurs se mirent debout en deux rangées l’une en face de l’autre. Aussitôt des femmes vinrent s’intercaler entre eux pour le grand Ahidouss. On réserva la meilleure place pour Tahamoute qui sous son A3abrok en soie vint s’intercaler entre Louzir (vizir) et le poète du ksar . Contrairement à certaines tribus, on ne montre pas le pantalon tachée de sang pour faire connaître que la défloration a eu lieu et que la mariée était vierge, Chez les ait Morghade Tislite doit porter le drap (A3bane) de couleur blanche qu’elle avait mis sur le lit avant l’accomplissement de l’acte et qui par conséquence est immaculé de quelques taches de sang que la mère de la mariée essaie de rendre visibles. Tous les regards se dirigèrent vers Tislite à qui d’un geste attentionné Louzir leva le voile et fit découvrir à l’assistance le visage épanoui de la jeune femme. Les youyous fusèrent de partout, les compliments sont adressés par de vielles femmes aussi bien à la mère d’Ali qu’à celle de Tahamoute. Ali en spectateur non loin d’Ahidouss suivait le déroulement de la danse, il sourit quand il entendit Tachichawte N’Wourgh lui dire : Je ne regrette pas de t’avoir choisi une aussi belle deuxième épouse. Après un tour de danse Tahammoute se retira, et regagna sa demeure (conjugale accompagnée de sa vizir, de sa mère et de quelques autres femmes.

 

Chapitre 10 : Le Quatrième jour de fête (AMZID) Au réveil le lendemain c’est Ali qui eu du mal à se réveiller. Il faut dire que le couple avait vécu une nuit d’amour encore plus animée que celle de la veille. Tachichawte N’Wourgh ne s’est manifestée qu’une seule fois pour leur souhaiter une agréable nuit plein de plaisir, avant de disparaitre. Il faut dire que la première épouse d’Ali leur avait dit qu’elle ne se manifestera pour jouer son rôle de première épouse qu’après la fin des festivités. Et c’était avec un sourire plein de sous-entendus qu’elle avait dit un jour à Tahammou : Ali ne pouvant pas avoir deux chambres à coucher sans attirer l’attention de sa mère, nous serons obligées de partager le même lit avec lui. Mais ne t’en fais, je te laisserai la possibilité de choisir le coté du lit qui te conviendra. Allongés sur leur lit, Ali et Tahammoute écoutaient en riant les voix de leurs mères qui débarrassées du stress de la nuit de noce, s’affrontaient en chantant et en échangeant toutes sortes de dénigrements. S’adressant à la mère de Tahamoute, La maman d’Ali lui dit :

- Belle-mère tu es la méchante de toutes mégères - Ta tête ressemble à celle du hanneton lécheur de beurre - Ta coiffe est celle d’une amphore ébréchée - Eloigne de toi de mon enfant chéri - Laisse-le vivre dans le bonheur lui et son épouse - Et fais-lui grâce de tes médisances et de tes gris-gris - Tes desseins vils et pernicieux sont bien connus - Sans aucun doute, demain ton âme demain sera jetée - Dans l’enfer qui sera ta dernière demeure. Ce à quoi la mère de Tahammoute Ali répliqua :

- Toi tête de brebis assoiffée et mal tondue - Tu n’as connu que haine et malveillance dans ta vie. Les mensonges et la méchanceté son ton pain quotidien. En toi, habitent tous les vices des cieux et des terres. Si je pouvais te jeter du plus haut mont de Bougafer, pour voir ton nez saigner sans arrêt. Depuis que nous sommes chez-toi radine - Pas une seule gâterie nous a été servie - Si tu n’as pas d’amandes, offre-nous des fèves mégère !

Ces échangés ne prirent fin que lorsque la maman d’Ali se leva et ramena de la chambre des (lakhzine) un plateau plein d’amandes Après la prière d’Al Asr, on maquilla de nouveau la mariée car avant l’Ahidouss du soir qui clôtura les festivités, elle doit se rendre en grande pompe à la séguia où elle doit mouiller un roseau en signe de prospérité et en signe de générosité elle doit jeter dans l’eau des amandes qu’elle avait mis dans un petit seau couvert d’émail blanche. Tahamoute effectua sans faute ce rituel et avant de regagner son domicile, elle remplit d’eau le petit seau blanc, car si elle veut qu’elle ait la main sur son mari durant toute leur vie, elle asperger son mari de cette eau. Mais comme dit le dicton arabe, « ce que pense le chameau, le chamelier le pense aussi ». A l’ombre de Taskifte Ali se cacha blotti derrière la porte de la maison. Lorsque Tahammoute arriva à son niveau, il se jeta sur elle, lui prend le seau et lui versa son contenu sur le corps ! La maman d’Ali qui n’était pas loin poussa un youyou strident, contente que ça soit son fils qui va prendre le dessus quant à la gestion de leur ménage. En riant, la maman de Tahammoute, donna des petites tapes sur les épaules de son gendre. Les festivités du mariage prirent fin, après un grand et dernier ahidouss devant le ksar.

 

Chapitre 11 : La vie à trois Epuisée par les journées de fête du mariage de son fils, la maman d’Ali qui était déjà fragile de santé et qui s’est abstenue de manger tout ce qui est salé à cause de son hypertension succomba quelques mois après. Malgré le soutien de ses deux épouses, la mort de sa maman qu’il chérissait l’avait trop marquée. Durant plusieurs mois, il semblait avoir perdu gout à la vie. Tachichawte lui proposa d’aller changer d’air du coté de Tizirte, mais Ali refusa et demanda à ses deux femmes de le laisser faire son deuil et qu’elles n’ont aucune raison de s’inquiété pour lui. Ali ne retrouva son sourire et sa gaieté qu’après plusieurs mois. Et pour marquer la fin du deuil, il organisa une « sadaqa » chez lui où furent invités tous les hommes de son ksar. Slimane le fkih, n’avait pas oublié dans ses implorations après le diner de demander à dieu d’égayer le foyer d’Ali en le dotant lui et Tahammoute d’une nombreuse progéniture. Avant qu’il récita la « Fatiha », le fkih fut pris d’un malaise, comme si quelqu’un l étranglait. Ali comprit que c’est la réaction de Tachichawte suite à ce que Slimane vient de dire, il murmura à sa femme jénia d’épargner le fkih qui ignorait tout de son existence. Slimane retrouva sa forme et dit à l’assistance « ammi yzlag ka » (comme si quelqu’un m’a étranglé) Depuis la mort d’Itto, la maman d’Ali, Tachichawte ne prenait soin de disparaitre de la vue qu’en cas de présence d’une tierce personne étrangère à la famille. L’entente entre les deux épouses était totale au point où c’est Ali qui quelquefois ressentait une certaine gêne au lit lorsqu’elles le taquinaient et lorsqu’elles lui tenaient des propos coquins. Un soir les deux femmes voulurent se moquer de lui, Tahammoute demande à Tachichawte de rendre Ali impuissant juste avant l’acte sexuel. Ainsi , un soir après avoir passé un bon moment à croquer amandes et noix et à siroter verre après verre de thé à la menthe et à se raconter des petites histoire érotiques, Ali tout excité proposa à Tahammoute de passer à l’acte. Ce que cette dernière accepta en embrassant son mari mais aussi en faisant un clin d’œil à Tachichawte N’Wourgh. Ils se mirent au lit et Plouf !, Ali se désexcité comme si on piquait la chambre à air d’un vélo ! Faisant, semblant d’être étrangère à ce qui vient d’arriver, Tahammoute dit à son mari : Qu’est ce qui t’arrive chéri ? Il répondit Rien ça va repartir tout seul Ce à quoi Tachichawte N’Wourgh pouffa de rire discrètement. Après plusieurs tentatives de reprendre le dessus, Ali se dégagea et dit à Tahammoute On reprendra toute à l’heure Ce qu’à quoi Tahammoute répliqua en s’adressant à Tachichawte N’Wourgh Il faut qu’on s’assure que notre mari n’a pas pris une troisième épouse et que c’est elle qui l’a vidé de toutes ses forces au point où est incapable d’accomplir son devoir de mari. Ali jura de tous les saints qu’il n’a pas d’autres épouses qu’elle et Tachichawte. D’ailleurs dit-il, comment vais-je rencontrer une autre personne sans que Tachichawte le sache ? Tachichawte lui répliqua qu’elle ne le surveille pas tout le temps et qu’il peut profiter du temps qu’elle consacre à Ousm et à Tihliy pour avoir des relations furtives avec d’autres femmes ! Cette réplique de Tachichawte énerva plus Ali que le fait de ne pas pouvoir satisfaire Tahammoute. Il peut tout accepter sauf que ses deux épouses doutent de sa fidélité. Je vais sortir faire un tour dit-il d’un ton énervé. Avant de faire un premier pas, Tahammoute s’accrocha à lui et fit un second clin d’œil à Tachichawte qui comprit le message et d’un seul coup Ali retrouva sa virilité et son envie de faire l’amour. Les deux femmes éclatèrent de rire en même temps ; Ali comprit que ce sont ses deux épouses qui lui ont joué ce mauvais tour. Il se retourna vers elles et leur dit en les fixant des yeux tour à tour. Puisque c’est comme ça, eh bien vous allez passer à la casserole toutes les deux.

A suivre 

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