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TACHICHAWTE N'WORGH (3eme Partie)

TACHICHAWTE N'WORGH (3eme Partie)

Chapitre 12 : Le vœu de Tahammoute Malgré que Tahammoute s’est interdite de prendre tout produit contraceptif, son vœu de tomber enceinte tarde de se concrétiser. Pourtant elle n’a pas hésité à prendre toutes les infusions que certaines femmes du ksar lui ont recommandées. Une de ses amies avec qui elle était intime lui suggéra de varier ses manières de coucher avec son mari. Elle lui montra une revue pornographique de son mari avait ramenait lors d’un voyage en Europe et qu’elle gardait précieusement dans sa chambre à coucher. Bien que certains ébats amoureux de la revue lui aient plus, elle savait qu’elle n’osera jamais en parler et encore moins en proposer à son mari. Et que vais-je répondre à Ali s’il me demande d’où j’ai appris ça, se dit –elle ? Résignée à son sort, elle se contentait de pleurer en cachette à chaque fois que cette frustration lui traverse l’esprit. Un jour, alors qu’elle pleurait son sort en cachette, elle fut surprise par Tachichawte N’Wourgh. Cette dernière lui demanda la cause de son chagrin Tahammoute toute en continuant à sangloter, lui fit part de sa frustration. Tachichawte la consola et lui dit qu’elle demandera de l’aide à son père le grand Chamharoch. Lui il saura lui dire ce qu’il faut faire pour que son vœu soit réalisé. Le soir même, Tachichawte N’Wourk alla trouver son père et lui raconta la détresse de Tahammoute. Sur le champ le grand Chamharoch convoqua les rabbins des jnounes du Todra et de Mmou qui sont des spécialistes en la matière. Ces deux éminents savants après avoir dîné et écouté Chamharoch, expliquèrent à ce dernier que Tahammoute a été victime d’un mauvais sort qu’une voisine de son « La3lou » (ruelle) lui avait jeté. Pour enlever ce mauvais sort, préparé à cette voisine par un fkih de Hart, il faut que Tahammoute passe une ou plusieurs nuits après avoir auparavant égorgé un « abarède » (bouc) noir dans les mausolées de neuf saints de la vallée de Ghriss. Lesquels, demanda Chamharoch Les deux rabbins lui suggérèrent - Sidi Lbenna, Saint patron de Tilouine - Sidi Amr, Saint patron de Waqa - Sidi Mohamed ou Abderrahman (dit Bou Oufarsig), Saint patron de Goulmima - Lalla Zougara, Sainte patronne de Taltfraoute - Lalla Ouliya, Sainte patronne de Tadighouste - Moulay Abdellah, Saint patron de Mmou - Imma Hga Ali, Sainte patronne d’Amouguer - Sidi M’hamed ou Youssef, Saint parton de Sidi M’H - Sidi Bou Yaccoub, Saint patron d’Assoul Sans dire mot à sa fille du mauvais sort jeté, ni révéler le nom de la coupable, Chamharoch, annonça à sa fille ce que Tahammoute doit faire pour qu’elle puisse se débarrasser du mauvais sort et réaliser son vœu. Le lendemain après avoir pris leur petit-déjeuner, Tachichawte N’Wourgh informa Ali et Tahammoute de ce qu’ont recommandé les deux Rabbins. Ali proposa d’effectuer ce périple après la prière du prochain vendredi. Ce qui lui laissait suffisamment de temps pour se rendre à Tizirte acheter une mule qui servira de monture pour Tahammoute. La matinée du vendredi fut réservée à la préparation des provisions et des ustensiles dont ils vont avoir besoin durant leur périple. Après avoir mangé un délicieux couscous que la jénia sait exceller, ils prirent le chemin de Tilouine et passèrent devant les ksars d’Ait Moch et de Takaterte où ils trouvèrent Anaba l’amghar de ce ksar en grande discussion avec Sidi Bouazza à propos de la prochaine hadra d4Ait Moch. Arrivés au niveau du barrage de dérivation dit ljir n’waqa, ils entendirent le muezzin de Boutenfite appeler à la prière d’al moghreb. Ali proposa à Tahammoute de camper sous « Tikwa n’tarir » (les tamaris de l’ogresse). Tahammoute refusa et dit à son mari que c’est en ces lieux que Bahdou N’Toughza avait rencontré la monstre aux cheveux dorés. Pour taquiner sa femme Ali commença à fredonner les paroles échangées entre Bahdou et Tarire. Tarir disait ; Chouf senni Abahaddou, (Bahaddou, regarde mes dents) Bahaddou lui répondait : Hadi babt li imchi f’lile al ghoula (c’est ce que mérite celui qui voyage la nuit) Tahammoute entendit la voix de Tachichawte N’Wourgh lui dire : Aucune crainte je suis là pour vous protéger, mais puisque cet endroit te déplait continuons jusqu’à Toughza, nous y serons avant la dernière prière de la journée. A l’orée sud du ksar de Toughza, Ali déchargea la mule et lui donne une botte de luzerne. Le dîner fut préparé par Tachiwawte N’Wourgh et après avoir pris un dernier verre de thé, ils se souhaitèrent une bonne nuit et dormirent sous un agoulf n’Ifarkhane (bosquet de palmiers). Au réveil, Ali et Tahammoute découvrirent le cadavre inanimé de Majghyoul (hyène), que Tachichawte N’Wourgh à lui lorsque ce prédateur a voulu dévorer la mule ! Ali enterra l’animal de peur que quelqu’un vienne prendre le cadavre pour l’utiliser dans la fabrication de gris-gris. Ils prirent rapidement le petit déjeuner en vitesse chargèrent le mulet et longèrent l’oued par sa rive gauche. A Bou Issadahdihne, ils s’arrêtèrent le temps d’acheter un bouc noir chez un berger qui faisait paitre son troupeau dans le lit de l’oued. A l’entrée de Tilouine, ils croisèrent un groupe d’hommes et de femmes qui chantaient et dansaient sous le son du hautbois que jouait l’artiste Jbara. Le convoi se rendait à Hannabou pour la remise du trousseau à une nouvelle mariée. Arrivés devant le sanctuaire de Sidi Lbenna, ils trouvèrent le gardien du mausolée à qui Ali remis le bouc du sacrifice pour l’égorger devant la porte du local où est enterré le saint. Tahammoute fût installée à l’intérieur du sanctuaire. Ali attacha la mule à un tamaris et rejoint le gardien pour débarrasser le bouc de sa peau. Du bouc, Ali ne garda que de quoi dîner et préparer le déjeuner du lendemain. Le gardien prit le reste et prend le chemin de son ksar après avoir remis les clefs du sanctuaire à Ali. Alors qu’Ali préparait Toutliouines (brochettes de foie enrobées d’un film de graisse), et que Tachichawte N’Wourgh profita de ce laps de temps pour faire un aller-retour jusqu’à leur domicile pour donner à manger à la brebis et à deux agneaux, Tahammoute resta durant ce temps, accoudée sur la tombe du saint et implorait Dieu de répondre favorablement à son vœu de tomber enceinte. Il faut rappeler que cette tradition de construire les mausolées et de vénérer les « saints » qui y sont enterrés n’est apparue qu’avec l’islamisation du pays. Avant la conquête arabe, les imazighen qui habitaient Tamazgha ne construisaient pas de sanctuaires et ne vénéraient aucun saint. Ils étaient comme les gaulois, ils n’avaient peur que d’une chose, que le ciel leur tombe sur la tête ! C’est après que l’islam ait conquis le Maroc que cette culture de vénérer les saints c’est installée dans le pays. Dans chaque région, chaque Marabout a sa baraka. Sidi Lbenna est imploré pour avoir des enfants. Lalla Ouliya marie les filles célibataires qui ont du mal à trouver un mari. Lalla Zougara de Taltfraoute, déblaie le chemin des épines (gris-gris) qu’une personne malintentionnée pourrait placées sur votre route etc. Après le retour de Tachichawte qui fit soudain son apparition dans le mausolée et qui rassurera Ali et Tahammoute en leur disant que tout va bien au ksar, ils dinèrent et s’allongèrent à l’intérieur du sanctuaire. De loin, ils entendaient la musique de Jbara, ce qui précipita le passage du marchand de sable qui les fait sombrer dans un sommeil bienveillant.

 

Chapitre 13 : Les pilleurs de tombes Le lendemain au lever du soleil, le couple fut réveillé par le bruit des pas et des youyous stridents. Ali ouvrit la porte du mausolée et se trouva en face d’une jeune femme qui portait dans ses bras un bébé de quelques semaines. Un groupe de femmes d’une dizaine de personnes de tous les âges se tenait derrière la jeune femme. La jeune femme dit à Ali qu’elle est du ksar d’Igli et qu’elle est venue avec quelques femmes de son ksar remercier le saint, et lui remettre l’offrande qu’elle lui a promise en cas où elle tomberait enceinte. Mon mari dit-elle, est allé au ksar de Hanabou acheter un bélier pour l’immoler devant la porte du sanctuaire. Tahammoute qui avait tout entendu, se précipita pour féliciter la nouvelle maman à qui elle dit qu’elle espère connaître un jour le même bonheur qu’elle. Elle tourna la tête à la direction de la tombe de Sidi Lbenna et ajouta : - si je tombe enceinte je promets de sacrifier moi aussi un bélier devant la porte de ton mausolée. Quelques instants plus tard, le mari de la jeune femme arriva portant sur ses épaule un bélier. Elle salua Ali et son épouse et procéda à immolation de la bête. Après avoir déjeuné avec un couscous préparé avec la viande du bélier, Ali chargea sa mule et le couple salua le groupe des Ait Atta avant de prendre la route de Sidi Amr. Lorsque le couple fut loin et assez distant pour être à l’abri des regards du groupe, Tachichawte N’Wourgh apparait et fait un bout de chemin avec Ali et sa femme. Ils parlèrent de leur séjour à Sidi Lbenna et se félicitèrent que le vœu de la jeune femme d’Igli soit réalisé après une stérilité de sept ans. Au niveau du lieu-dit Win Iwaliwen (lieu des pourparlers), Ali attacha la mule à un jujubier et dit à ses deux épouses : Toi Tahammoute tu vas rester à l’ombre et nous attendre. Tachichawte N’Wourgh ira en éclaireur voir si le mausolée de Sidi Amr n’est pas occupé. Moi, j’irai acheter le bouc du sacrifice chez Imsayfen (nomades des Ait Herrou) qui campent sous la falaise du plateau d’Amglagal. A une centaine de mètres du mausolée de Sidi Amr, Tachichawte N’Wourgh entendit un bruit de personnes et des coups de pioche. Elle s’introduit discrètement dans la pièce contenant la tombe du saint et trouva deux hommes, l’un creusait à côté de la tombe et l’autre récitait à voix haute des phrases de « Damyadi ». Tachichawte N’Wourgh comprend tout de suite qu’il s’agit de faux fkihs qui creusent les tombes à la recherche de trésors. Elle décida de jouer un mauvais tour à ces indélicats fkihs. Elle se transforma en un immense serpent couvert de poils et apparu soudain après que l’homme qui creusait allait donner un coup de pioche. A la vue du serpent, Il resta tétanisé, son outil en l’air. Son compagnon de fortune laissa tomber le livre qu’il lisait et sans mettre ses babouches s’enfuit en criant Wiyhangh Iga Sidi Amr Ifighr ! (Gare à nous, Sidi Amr s’est transformé en serpent) Son compagnon, arriva lui aussi à se débarrasser de son outil et à fuir en criant vers son ami : Attends-moi, attends-moi. Tachichawte N’Wourgh s’approcha discrètement des deux hommes qui reprenaient leurs esprits et discutaient de ce qu’ils ont vu. Celui qui creusait dit : - Je suis sûre qu’il s’agit de Sidi Amr. Il s’est transformé en serpent pour nous faire peur. - C’est une preuve qu’un trésor est caché dans sa tombe, dit l’autre homme. - Ne compte pas sur moi pour rentrer encore une fois. Je tiens à revoir mes enfants qui attendent mon retour dans le Souss, dit l’homme qui creusait. - Peut été que ce que nous avons vu n’est qu’hallucinations et qu’il n’y a ni serpent ni rien du tout. Attends-moi ici, je vais récupérer le trésor, mais le partage ne se fera plus moitié-moitié. Ça sera un quart pour toi et trois quart pour moi. - Je ne veux plus ni le quart, ni le huitième. Ce que je veux c’est regagner mon Souss natal vivant. Sans attendre l’homme au livre, se dirigea d’un pas hésitant vers le sanctuaire. Tachichawte N’Wourgh qui avait tout entendu, le précéda dans la pièce. En poussant la porte du mausolée, le fkih se retrouve nez à nez avec un lion qui rugit à sa face ! Il fit demi-tour et prenant ses jambes à son coup et appela au secours Sidi Hmas ou Moussa le saint patron du Souss. Restant invisible, Tachichawte n’Wourgh d’une voix d’homme lui souffla dans l’oreille : - Comment veux-tu que je vienne à ton aide alors que tu dépouilles les tombes des saints comme-moi ! Croyant entendre la voix de Sidi Hmad ou Moussa, le fkih jura sur la tête de ses enfants de ne plus creuser ni participer à de tels actes. Il dit sans autre explications à son compagnon : - Partons tout de suite et reprenons la route du Souss, Sidi Ahmed ou Moussa n’est pas fier de ce que nous faisons. Déposant devant ses deux épouses le bouc noir qu’il portait sur ses épaules, Ali tout content que le patron du campement n’a pas voulu se faire payer lorsqu’il lui a dit que c’est pour le sacrifier au mausolée de Sidi Amr Il demanda à Tachichawte N’Wourgh si personne ne campe dans le mausolée ? Tachichawte N’Wourgh leur raconta la mésaventure des deux Soussi, ils pouffèrent tous de rire et continuèrent leur marche vers Sidi 3mr. L’intérieur du mausolée est resté comme l’avait laissé Tachichawte N’Wourgh lorsqu’elle a fait fuir les deux chercheurs de trésors. Avec le pelle et la pioche laissées par les deux fuyards, Ali aidé par Tahammoute comblèrent de terre le fossé qui ils avaient creusé. Après avoir déchargé la mule et avoir servi sa ration de luzerne, Ali égorgea le Bouc. Comme d’habitude il ne garda que de quoi préparer le dîner et le déjeuner du lendemain et emmena le reste au chargé de l’entretien du mausolée qui habitait au ksar de Toughza sur l’autre rive de l’oued. Après avoir dîné ensemble, Tachichawte N’Wourgh prend congé et dit à son mari que son père Chamharoch vient de l’informer qu’elle est invité au baptême du petit fils du rabbin des jnoune de Tarda. Ali lui dit qu’il compte sur elle pour rester sage et que n’abuse pas trop du jus préparé avec les dattes, les figues et le sang chaud n’ihhardaten (fouette-queue). La dernière fois qu’elle en a abusé lors d’un mariage d’une cousine jenia à Tinghir, Tachichawte n’a pas pu se rappeler des paroles de la chanson « Jabou lahwa f’tlata d’lil » que l’assistance lui réclamait. Ali et Tahammoute, s’enlacèrent sous la couverture et de loin ils entendirent le hurlement d’un chacal qui semble être pris par « taqboute » (piège à mâchoires) de Mahhdi. Chapitre 14 : Lhdarte à Bouwfarsig Comme chaque année depuis que Sidi Mohamed Ben Aïssa né en l'année 872 de l'hégire (1465-1466 et plus connu sous le nom de El Haddi Ben Aissa ou Cheikh el Kamel) a Fondé sa confrérie, Goulmima célèbre chaque année l’anniversaire de la naissance du prophète par une grand moussem de Lhdarte (Hhadra) devant le mausolée du Saint Patron d’Ighrem, dit « Bou Oufarsig ». Ali et Tahammoute voulaient absolument arriver avant que débute la Hadra. Ils chargèrent rapidement leur mule, et longèrent l’oued par sa rive gauche. Au niveau d’Agaouz, ils passèrent sans s’arrêter devant la tombe de Khouya Brahim. Ce saint était vénéré aussi bien par la communauté juive de Goulmima que par les musulmans. Au niveau du mausolée, Ali leva sa main en signe de salut et dit en regardant du coté du Marabout : Repose en paix Khouya Brahim. Arrivés à Ighrem, le coulpe trouva la maison bien nettoyée et bien entretenue. Tachichawte qui n’était rentrée de Tarda qu’au lever du jour, a fait le ménage et préparé le petit déjeuner avant d’aller combler son manque de sommeil. Après avoir pris le petit-déjeuner, Ali s’emparer d’un bouc noir dans son étable et se dirigea vers le mausolée de Bou Oufarssig. Il trouva Oubanss le gardien du mausolée en train de balayer la petite place où va se dérouler lahdarte après la prière d’Al Asr. A deux ils égorgèrent le bouc qu’Oubanass emporta pour préparer le déjeuner aux animateurs de Lahdarte. Il dit à Ali qu’après le moussem, il laissera la porte ouverte et la clef du mausolée sera mise bans le trou dans lequel les femmes visiteuses du saint déposaient leurs offrandes. Un monde fou est venu comme chaque année voir Lhdarte n’Bou Oufarsig. Les enfants, les femmes et les hommes de tout âge ont formé un cercle assez vaste pour permettre aux hommes en transe de danser à leur guise. Chacun de ces Issawa a sa spécialité. Sidi Bouazza danse tout en mangeant « Tadounte » (graisse crue) et Tahamarte (farine de blé grillée) Hmad ou Lhou lui, jouait avec une palme de palmier à laquelle il avait mis du feu. Il passait cette torche entre sa poitrine et sa chemise sans se brûler. Oubiri, ne cesse de réclamer en vain des couteaux pour se faire fendre le crâne. Oumouh le plus méchant plonge sans se soucier des personnes qu’il risque d’écraser, à chaque fois que quelqu’un l’appelle. Non loin du lieu du spectacle, des jeunes filles et garçons se donnent au jeu de Takarfiyte (badinage) sans prêter attention aux danseurs en état de transe. Ce n’est qu’au coucher du soleil que le cimetière et ses environs immédiats retrouvent leur silence. Ouf, diront ceux qui y sont enterrés ! Ali et Tahammoute s’installèrent à l’intérieur du mausolée pour leur troisième nuit. Tachichawte N’Wourgh leur souhaite une bonne nuit et leur dit qu’elle va reconduire Ousm et Tihhly chez Chamharoch, leur grand-père auprès duquel ils poursuivent leurs études. Au milieu de la nuit, Tahammoute entendit un bruit suspect et prend peur. Il réveilla son mari qui à son tour entendit ce bruit comparable à celui que font les sabots d’un mule qui galope. Et pourtant dit-il à sa femme - Ça ne peut pas être notre mule. J’ai pris le soin de bien de bien l’attacher dans notre écurie à l’intérieur du ksar. - Si ce n’est pas notre mule, ça ne peut être que « Tasrdounte n’Issandale » (Mule des tombes) dit Tahammoute qui n’arrive pas à cacher sa peur. Ali se leva et à travers les fissures des planches mal ajustées de la porte, il essaie de voir du côté d’où provenait le bruit. Le cimetière est éclairé par la lune qui est à sa treizième nuit. Soudain Ali vit une silhouette de femme passer. Il eut le temps de voir que cette étrange personne a défait ses cheveux et poussait des hennissements comme un jument. Il se tourna vers sa femme et lui dit : - Je vais sortir et essayer de capturer cette créature pour la délivrer de sa torture - Non lui dit Tahammoute, elle risque de te blesser et même te tuer - N’aie aucune crainte pour moi, je sais comment m’y prendre. Ali sortit discrètement du mausolée sans faire de bruit. Il grimpa Afersigue (genre de tamaris) qui a poussé pas loin de la porte du mausolée. Restée derrière la porte, Tahammoute tremblait de peur et sentait la chair de poule couvrir tout son corps. Ali perché sur une branche attendait que Tassardounte passe sous l’arbre. L’attente ne fut pas longue. Soudain il entendit un hennissement strident et au moment où la créature arriva sous sa branche, comme un félin, Ali se jeta sur elle et l’attrapa en la plaquant au sol comme l’aurait fait un joueur de rugby. Lorsque la femme se retourna, il reconnait une femme de son ksar. Cette dernière toute confuse, se jeta à ses pieds et lui dit : - Ster ma ster Allah, J’achète ton silence par tout ce que tu veux. Ali eu pitié de cette femme qu’il connaît bien. Il lui dit : - Soit tranquille, personne ne saura rien de ce qui s’est passé. Et puis, je ne veux rien de toi sauf que tu rentres chez-toi auprès de ton mari. La femme éclata en sanglots et prend sans dire un mot la route du ksar. Tahammoute, ne fut tranquillisée que lorsqu’Ali rentre de nouveau à l’intérieur du mausolée. Elle lui demande de lui raconter ce qui s’est passé. Pour toute réponse, Ali lui dit qu’il s’agit d’une pauvre femme torturée par Dieu. Il lui prend la main et la conduit vers leur couchette en lui disant. - Oublions ce qui s’est passé et essayons de retrouver notre sommeil. Ali ne tarda pas à s’endormir, Tahammoute n’arrive pas à fermer les yeux. Elle préféra rester éveillée que de s’endormir et faire des cauchemars. Le réveil fut difficile pour Ali ? Quant à Tahammoute elle n’a commencé à somnoler qu’après que les rayons du soleil ont traversé les fenêtres du dôme du mausolée de Bou Oufarsig.

 

Chapitre 15 : Ils ont volé Lalla Zougara Le départ d’Ali et Tahammoute vers Taltfraoute, n’eut lieu qu’après la prière du Dohr et après avoir récupéré et chargé la mule. Ils traversèrent une partie de la palmeraie de « Targua Oufella » et s’arrêtèrent au lieu dit Mzel Aghad pour acheter le bouc du sacrifice. Arrivés après l’Asr à Taltfraoute, ils essayèrent de repérer en vain le mausolée de Lalla Zougara. Ils se dirigèrent alors vers le ksar pour demander où se trouve la tombe de la sainte patronne des lieux. Hro Haddach, le portier du ksar les informa que Lalla Zougara n’est pas enterrée dans un mausolée, mais sous un jujubier (azougar) mais que la visite du lieu ne peut pas avoir lieu sans que l’Amghar d’Ighrem (le chef du ksar) soit informé. - Où est passé Amghar demanda Ali ? - Il est en train de vendre sa récolte de « Bard-Khchach » (sorte de courgettes) à un marchand de légumes d’Ait Ihya ou Atmane lui répondit Hro. Quelques instants plus tard, Amghar arriva d’un pas très speed, et demanda aux visiteurs l’objet de leur venue. Il faut dire que la localité de Taltfraoute a su se préserver de l’installation d’étrangers dans leur ksar. Il arrivent toujours à expulser en douceur tout étranger qui tente de s’installer chez eux. Sidi Qadir, un Agouram de Tizougaghine qui a tenté d’ouvrir un commerce chez les habitants en a fait les frais. Quinze jours après l’ouverture de sa petite échoppe, il n’est même pas arrivé à vendre une seule boite d’allumettes. Les gens partaient s’approvisionner à Goulmima distante de dix-sept kilomètres que d’acheter chez l’étranger à la tribu. Au bout d’un mois Sidi Qadir quitta le ksar sans que personne ne lui ait demandé de le faire. Un forgeron de couleur avait aussi connu le même sort. Cet homme qui était le premier « Aquebli » à ouvrir un minuscule atelier pour aiguiser « Timougrine » (petits outils servant à faucher la luzerne) a consommé deux sacs de charbon sans que personne ne vienne solliciter ses services. Ali informa Amghar de son intention de sacrifier le bouc et de passer la nuit tout près de la tombe. Amghar autorisa le couple à s’installer sous le jujubier tout près de la tombe de la sainte, mais il leur interdit de monter une tente ni de creuser quoi que ce soit, tout près de la tombe. Bien qu’Ali n’ait aucune intention de monter une tente ni de creuser, il demande à Amghar les raisons de cette interdiction. Amghar lui expliqua qu’il y a deux mois deux fikihs du Souss se sont installés dans une tente tout près de la tombe. Les habitants pensaient que c’était pour demander la Baraka de Lalla Zougara. Mais leur surprise fut grande lorsque le lendemain, ils constatèrent que le tas de cailloux empilés depuis des années sur la tombe (la tradition voulait que chaque visiteur pose un caillou sur la tombe de Lalla Zougara. Certains avancent que c’est pour protéger encore mieux le trésor caché dans la tombe de la sainte). Les habitants donc découvrirent que les deux fkihs avaient décampé, que le tas de cailloux a été déblayé et qu’un trou était creusé tout près de la tombe. Vite la rumeur que les deux fkihs du Souss se sont emparés du trésor de Lalla Zougara. Une chasse à l’homme fut décidée mais les deux fkihs restèrent introuvables. Depuis cette affaire, aucune visite ne fut tolérée sans l’accord d’Amghar. Ali informa Amghar sur l’objet de leur visite et le rassura Amghar. A deux ils égorgèrent le bouc sur la tombe de Lalla Zougara avant qu’Amghar regagne le ksar en emportant avec lui la dépouille du bouc - Ne préparez rien pour le dîner ; ce soir je vous apporterai un plat de couscous aux courgettes ; leur dit-il en les quittant. Même si l’envie de dormir et de se reposer ne leur manquait pas, Ali et Tahammoute attendirent qu’Amghar leur apporte le dîner. Ce qui fut fait après le dernier appel à la prière de la journée. Ali voulait savoir le secret de cette localité qui produit toutes sortes de courgettes dont la saveur n’est égalée. Amghar lui dit qu’un jour un géant appelé 3iwaj s’est présenté chez eux et leur demanda l’hospitalité. Au lieu de l’honorer et de lui présenter un bon repas, les habitants ne lui préparèrent qu’un énorme plat de « Baddaz » ! 3iwaj le mangea sans rien dire, mais le lendemain avant de quitter Taltraoute il s’adressa aux habitants et leur dit : - Vous m’avez bien reçu et vous m’avez honoré. Avant que je prenne la route, je tiens à vous remercier pour votre hospitalité légendaire ; En ce moment où je vous parle, je ne vous cache pas que j’ai une envie pressente de me soulager et je vais le faire devant la porte de votre ksar. Aussi, vous demande-je de choisir entre « Takzimte » ou Akouzim ? Les habitants surpris et ébahis restèrent un bon moment sans voix. Brahim ou Hammou, l’Amghar de l’époque le suppléa en vain d’aller faire ses besoins ailleurs. Mais 3iwaj lui dit - Si vous ne choisissez pas je les ferais tous les deux ! Voyant que le géant a décidé de leur laisser ce cadeau merdeux, Brahim ou Hammou dit a 3iwaj - « Gagh takouzimte » (fais-nous une petite crotte) 3iwaj, chia sa petite crotte qui obstrua l’entrée du ksar. Durant des jours tous les habitants se sont mis en corvée pour dégager la porte de leur ksar en répandant cette engrais organique de 3iwaj dans leurs champs. Depuis cette punition de 3iwaj les récoltes en courgettes ne cessent d’être exceptionnelles. Aussi bien en quantité qu’en qualité. Ce n’est qu’après que les habitants ont compris que takouzimte du géant contenait des milliers de graines de courgettes, conséquence du repas à base de courgettes pris un jour avant chez les Doukkali qui sont de grands producteurs de courgettes. « Peut-être que vous regrettez une chose alors qu’elle est de votre intérêt » avait dit le seigneur dans son livre saint. Amghar arrêta sa narration lorsqu’il constata qu’Ali et Tahammoute dormaient et ne l’écoutaient plus. Chapitre 16 : Retour à Goulmima La visite des autres Saints recommandés par les deux Rabbins Jnoune, s’était déroulée sans problème. Ali et Tahammoute se préparèrent à vivre une grande nuit d’amour. Car durant leur tournée, il leur a été interdit d’avoir des relations sexuelles. Tachichawte N’Wourgh, qui elle aussi a profité de cette tournée d’Ali et de Tahammoute pour rendre visite à des cousines et séjourner à quelques jours à Tana est rentrée pour préparer un dîner à bases d’escargots et de plantes aphrodisiaques. Le soir venu, les deux époux se retrouvèrent dans l’espoir de concrétiser leur vœu. Tahammoute s’est maquillée comme elle ne l’a jamais fait et Ali attendait avec impatience le moment d’aller au lit avec sa femme. Sept nuits sans avoir de rapports avec l’une de ses deux femmes étaient pour lui, dures à supporter. Le soir de lahdarte il a failli faire un tour chez Gina à dart-Souk. Mais il s’est rappelé que Tachichawte N’Wourgh pouvait le surprendre et lui rejouer le même tour qu’elle lui a déjà joué avec Tahammoute. Il se rappela qu’un jour Slimane le fkih avait dit dans un de ses prêches du vendredi, en s’adressant aux célibataires qui ont du mal à contenir leur envie de faire l’amour : Si l’envie vous prend, priez rakaatayne et l’envie passera. Ali exécuta la recommandation du fhih sans résultat. Il a fallu qu’il prenne une douche froide pour calmer ses ardeurs. Quant aux filles de joie, Ali ne les fréquentait que pour « Adisdiks Aloune » (chanter et danser). Il se souvient de ce qu’une certaine Sfiya lui avait fait, lorsqu’un soir, alors qu’il était venu prendre un thé dans cette maison close, il trouva une jeune fille du moyen Atlas, d’une grande beauté et qui vient de fuguer de chez ses parents pour se prostituer en train de sangloter dans le couloir de cette maison. Ali fut eu pitié d’elle et lui demanda les raisons de ses pleurs. Cette dernière lui dit qu’un forain qui vient de monter son manège au village voulait coucher avec-elle. La fille refusa parce qu’elle ne trouvait pas l’homme à son gout. Le forain se vit humilié la gifla avec violence tout en lui disant qu’il reviendra passer la nuit avec elle. Ali voulant jouer au justicier, dit à la fille de se calmer et que si le forain se représente de nouveau, il se chargera de lui. En lui disant ça Ali ne pensait pas que le forain allait se présenter quelque instant après. Un flot d’insultes s’échangea entre les deux hommes et le forain qui est de grande taille et fort comme un colosse par rapport au gabarit de potache d’Ali, lui promet de lui faire la fête dès qu’il sortira de la maison close. Après avoir pris du thé et chanté avec le groupe d’étudiants et d’instituteurs qui se trouvaient chez les filles, Ali se leva pour sortir mais la fille de joie qu’il avait défendue s’opposa à ce qu’il sorte de peur que le forain le batte. Ali serait d’accord pour rester si ce n’est sa poche qui était vide après avoir payé son tour de thé. Mais après quelques hésitations et sur l’insistance de la fille, Ali accepta de passer la nuit avec elle. Le lendemain, il quitta la maison close en promettant de revenir le soir régler son dû. La fille lui dit qu’elle n’attend rien de lui et qu’elle le remercie d’avoir pris sa défense. Après la sortie d’Ali, la patronne de la maison close demanda la fille de lui donner son pourcentage du prix de la nuitée. En apprenant que la fille ne s’est pas faite payée, la patronne entra dans une grande colère en lui disant que ce n’est pas de cette manière qu’elle allait amasser de l’argent et en lui reprochant de se faire avoir par un collégien. La patronne prend la main de la jeune fille et l’emmène trouver le père d’Ali Lhaj, dit la patronne au père d’Ali, Ton fils a passer la nuit avec cette pauvre fille sans qu’il la paie. Le père d’Ali regarda la fille et dit à la patronne : Je suis content que mon fils sache choisir, mais pour payer, c’est à celui qui a profité des services de la fille de la payer et non à moi ! Il ajouta en souriant, et pourquoi ne pas aller se plaindre au juge ? Les deux femmes remboursèrent le chemin sans trop insister. Un témoin qui a assisté à la scène raconta tout à Ali qui le soir fit semblant d’ignorer que les deux femmes sont venues voir son père. Après le diner, au moment ou Ali s’apprêtait à sortir son père s’adresse à lui et lui dit. - Il te reste encore quelque chose de ton argent de poche ? - Non répondit Ali. Depuis deux jours je suis sans le sou. Lhaj sortit de sa poche vingt dirhams et les remis à Ali à qui il dit : - Tiens prends ça et règle tes dettes auprès des cafetiers à qui tu dois de l’agent ! Ali empocha les vingt dirhams et se précipita vers la sortie pour ne pas pouffer de rire. Le soir même il se rend chez la patronne, faisant semblant de tout ignorer, il appelle la patronne et la fille et remet à cette dernière les vingt dirhams. La fille les prend et attend un moment d’inattention de la patronne pour les remettre dans la poche d’Ali en lui disant que pour lui ça sera toujours gratuit. La nuit de retrouvailles d’Ali et de Tahammoute fut une vraie nuit d’amour. La « Tborida » dura une bonne partie de la nuit et les coups de Bouchfer se succédaient. Le couple ne se réveilla qu’une fois le soleil est bien haut dans le ciel. Tachichawte N’Wourgh qui n’est pas venue se joindre à eux, les a laissés à deux savourer le plaisir des retrouvailles, leur avait préparé un petit déjeuner copieux.

 

Chapitre 17 : Le grand voyage de Tachichawte N’Wourgh Deux semaines après leur retour à Goulmima, Tachichawte N’Wourgh, Tahammoute et Ali avaient repris leur vie et leur ménage à trois, Ferkouss le serviteur de Chamharoch vient informer Tachichawte comme quoi son père est souffrant. Tachichawte fait ses valises et informa Ali et Tahammoute de sa décision d’aller assister son père le temps qu’il se rétablisse. Tahammoute l’entraîna un peu à l’écart d’Ali et lui annonça qu’elle a un retard de règles de presque une semaine. Peut-être que je suis enceinte lui confia-t-elle. Tachichawte félicita Tahammoute et l’embrassa en lui disant, ça sera peut-être deux jumeaux comme elle. Tachichawte, prend congé d’Ali et de Tahammoute et regagna le royaume des jnounes où elle trouva son père très souffrant. Le même soir Tahammoute fut prise de nausées et de vomissements. Ali s’inquiéta de son état et lui propose de la conduire se faire ausculter par un médecin. Tahammoute lui sourit et lui dit qu’elle n’a rien de grave, avant d’ajouter : je pense que la visite aux saints est concluante ! - Es-tu enceinte demanda Ali - Je pense que oui. J’ai un retard de règles et j’ai des nausées, ce sont des signes d’une grossesse lui dit-elle. Ali tout heureux serre sa femme dans ses bras et lui dit, ça sera le plus beau cadeau que tu me feras. Deux mois après l’arrivée de sa fille, Chamharoch mourra. Après l’observation par tous les Jnoune de la région, d’un deuil de quarante jours, tous les Rabbins se réunissent en conclave pour désigner le successeur de Chamharoch. Tous les présents furent d’accord pour que sa fille Tachichawte N’Wourgh lui succède à la condition de se séparer de son mari qui ne fait pas partie de leur communauté. Ils accordèrent un délai de six mois à Tachichawte n’Wourgh pour dire si oui ou non elle accepte de succéder à son père. Tachichawte a déjà pris sa décision mais elle voulait attendre le moment approprié pour l’annoncer. Son retour chez Ali coïncida avec les premières contractions de Tahammoute. Heureusement que tu es là pour l’assister lui dit Ali. L’accouchement de Tahammoute se déroula dans de bonnes conditions et se solda par la naissance de deux superbes jumeaux, un garçon et une fille. La veille du baptême, alors qu’ils prenaient du thé à la mente sur la terrasse de leur maison, Tachichawte N’Wourgh demande à Ali et Tahammoute si tout est prêt et que rien de manque pour réussir la fête du lendemain ? Ali rassura Tachichawte que rien ne manque. Tachichawte N’Wourgh leur demanda de l’écouter, car j’ai quelque chose d’important à vous annoncer leur dit-elle. Je suis la première jéniya à avoir imposé à son père de prendre un humain comme époux. Je ne le regrette point et si c’était à refaire je n’hésiterais aucun instant à le refaire. Toi Ali, je suis très contente de t’avoir choisi et d’avoir pris Tahammoute comme seconde épouse. C’est une femme douce qui t’aime et qui vient d’égayer ton foyer avec deux superbes enfants. Toi Tahammoute tu as la chance d’avoir un mari comme Ali. C’est un époux attentionné qui sera tout le temps à tes cotés et qui saura te gâter. Prends soin de lui, tu ne seras que comblée. Quant à moi, ma communauté a besoin de moi et d’autres responsabilités m’attendent. Comme je me suis introduite dans la vie d’Ali sans être invitée, ce vendredi, je vais dans un instant repartir comme je suis arrivée. Vous n’êtes plus deux, mais quatre. Et n’oubliez pas de prendre soin de vos enfants qui sont aussi les demifrères des miens. De loin je ferais tout pour vous protéger et protéger vos enfants. A propos, dis-moi Tahammoute : Qu’as-tu choisi comme prénoms pour les enfants ? Tahammoute qui n’arrivait pas à retenir ses larmes qui coulaient sur ses joues, dit à Tachichawte : Si tu acceptes, je leur donnerais les mêmes prénoms que les tiens. Ça sera donc Ousm pour le garçon et Tihly pour la fille. Ali esquissa de la tête en signe d’accord. Tachichawte N’Wourgh embrassa tour à tour Ali, Tahammoute et les deux bébés à qui elle dépose dans leurs berceaux un petit sac en velours contenant des Louis d’or et diaprait à jamais de leur vue.

 Ali Ouidani

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