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Le paradoxe des juifs séfarades d'Israel le 14/02/2015 à 08h39

Cette semaine, je réserve ma chronique à l’attitude paradoxale des juifs marocains installés en Israël, au risque d’être encore une fois la cible de certains snipers à qui il suffit que quelqu’un évoque Israël,  même si c’est pour défendre la cause palestinienne, pour qu’ils le mettent en joue, lui tirent dessus en le traitant de tous les noms. Ces personnes me rappellent  les réactions de certains sionistes français à qui il suffit qu’un non-juif jette un coup d’œil vers la porte d’une synagogue pour qu’il soit traité d’antisémite. Mais bof, je n’oblige personne à partager mes points de vue  et encore moins à me lire. Il y a une dizaine d’années j’avais écrit dans ce site que j’écris tout d’abord pour moi-même. Voilà un préambule pour ce qui suit.

Lors de ma visite en Israël il y a trois ans, et suite aux entretiens que j’ai eu avec de nombreux israéliens d’origine marocaine, j’avais remarqué que la majorité de ces personnes sont des adhérents des partis de la droite israélienne qui sont très hostiles aux arabes qu’à ceux de la gauche. Or, lorsqu’on visite les maisons de ces familles juives originaires du Maroc, on remarque combien ces familles sont restées attachées aux traditions marocaines et arabes, aussi bien dans l’ameublement de leurs demeures que dans leur mode de vie qui sont plus proches du Maroc que d’Israël. Pas une maison qui n’a pas les portraits des rois feus Mohamed V et Hassan II accrochés aux murs. Même en musique, ces familles écoutent plus le chaabi marocain, la musique andalouse ou la musique judéo-arabe que la musique occidentale. Alors comment se fait-il que cette population qui a vécu durant des siècles une coexistence pacifique au Maroc, en Algérie et en Tunisie avec les populations arabes militent-elles au sein des partis hostiles aux arabe ? J’ai donc essayé de comprendre cette contradiction qu’affichent certains israéliens d’origine marocaine d’être en Israël plus marocains que les marocains et en même temps d’être plus israéliens que les natifs d’Israël ? Est-ce la manifestation d’un acte de séduction comparable à celui d’un petit enfant qui dit qu’il veut être l’amoureux de sa mère ? (complexe d’Œdipe) ou tout simplement une manière de se faire une place dans la société israélienne en intégrant la camp des ultras?

Ce que j’ai pu comprendre, c’est que lors de l’arrivée massive en Israël des juifs de tous les pays du monde, les séfarades étaient les moins instruits et les plus pauvres par rapport aux ashkénazes qui venaient d’Europe, ce qui les a désavantagé dans tous les domaines y compris dans l’affectation des lieux de leurs installation. On les envoyait au Néguev sans leur laisser le choix d’habiter par exemple à Haïfa ou Tel-Aviv. Et comme il faut se faire une place coûte que coûte dans l’échiquier politique du pays, on adhère au plus virulent des partis au risque d’être plus royaliste que le roi.

Maintenant que la deuxième et la troisième génération des enfants séfarades qui continuent à parler arabe et qui n’ont rien perdu du mode de vie de leurs parents, se sont imposées grâce aux études et commencent à occuper des postes importants dans les rouages de l’administration israélienne. Vont-ils à défaut de  reconsidérer leur adhésion dans des partis de la droite israélienne,  commencer à influencer la politique de leur pays et se rapprocher des palestiniens et des arabes israéliens, ou vont-ils continuer à vivre la contradiction d’affectionner les pratiques arabes, de reconnaitre la protection qu’ils avaient trouvée dans les pays arabes et continuer à ne pas aimer les arabes ?

Ainsi va Ghriss

Marrakech le 14/02/2015

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