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Une stagnation inquiétante le 10/09/2011 à 07h03

Depuis que Hamid Khettouch et moi avons quitté Goulmima pour un raid à Casablanca puis une virée dans le rif, c’est la première fois que nous ne croisons pas de cars de transport touristique ni de véhicules légers conduits par des touristes. La crise a touché de plein fouet ce secteur qui génère à notre pays des recettes non négligeable sans parler des milliers de familles qui vivent de l’industrie touristique.

La crise qui a touché l’Europe se fait sentir au Maroc. Les hôteliers, les propriétaires de maisons d’hôtes attendent d’éventuels clients pour pouvoir faire face au frais fixes auxquels ils doivent faire face chaque fin de mois.

La récession est pour le tourisme ce que la sécheresse est pour l’agriculture. Je dirais même plus ; car dans le cas d’une sécheresse le  fellah ne perd uniquement que sa récolte, alors que dans le cas d’un propriétaire d’hôtel, non seulement, il ne fait pas de recettes mais continues à supporter les frais afférents à l’entretien et aux salaires du personnel.

C’est vrai que l’activité touristique a connu des crises et des périodes difficiles et qu’elle s’en est sortie même si c’était avec difficultés. Cette fois-ci je crains que ça soit encore plus dur; car la situation est une conjugaison de plusieurs facteurs qui risquent de retarder la relance de cette activité vitale pour de nombreux foyers.

Le premier facteur est comme je l’ai écrit plus haut, est relatif à la crise qui touche de plein fouet l’Europe qui est notre principal pourvoyeur de clientèle. Les foyers français, pour ceux qui ont encore les moyens de mettre de coté un peu d’agent préfèrent le garder sous la main que de le dépenser en voyages, vu qu’ils ne sont pas sûr de ce que leur réserve le lendemain.

De nombreuses familles se sont vues obligées de réduire leurs sorties aux restaurants. Et passer leurs vacances dans les campings alors qu’avant ils les passaient dans des hôtels et se permettaient des prises de repas dans des restaurants de renommée.

Le deuxième facteur est cette mouvance qui touche tout le monde arabe. Le printemps arabe avec ses séries de révolutions fait hésiter les touristes à voyager. Ce qui est arrivé à deux nombreux touristes qui se sont retrouvés coincés en Tunisie et en Egypte n’encourage pas et n’incite pas à voyager.

Ce qui est inquiétant c’est que la fin de la crise financière qui affecte l’Europe n’est pas pour demain et que chez-nous, les manifestations de rues risquent de se répéter et de durer longtemps. Et tant que ces deux facteurs demeurent, la sortie du tunnel n’est pas pour demain.

Que faut-il faire pour faire sortir notre pays de cette mauvaise posture ?

Si je le savais, je ne serais pas sur la terrasse d’un petit hôtel de Chefchaouen en train d’écrire ces quelques lignes sans que j’indique à son propriétaire, comment faire revenir les touristes qui ont déserté son établissement.

Néanmoins, « fdouli » que je suis, je pourrais dire à nos responsables, qu’il ne suffit pas de vanter les mérites de notre pays via nos chaines de télévisions alors que d’autres chaines plus crédibles montrent au monde que notre pays est lui aussi pris dans la tourmente de marches et de contestations.

Et puisque je suis dans le Rif, je vais demander à Hamid, mon compagnon de fortune si ça lui dit que nous prenions notre petit déjeuner sur la place Outa El Hammam et priser du tabac en tirant quelques bouffées d’un bon « sebsi » local ?

Pour moi c’est du kif-kif !

Ça nous permettra d’oublier même si ce n’est que pour un petit instant, cette mauvaise perspective qui m’a préoccupée et qui fait perdre le sommeil aux opérateurs du tourisme. 

Ainsi va Ghriss

Chefchaouen le 10/09/2011

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