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Le pauvre lui avait dit la fille d’Imilchil ! le 23/07/2011 à 21h58

Sur ma route vers Agadir, j’ai écouté un mp3 que je me suis procuré à Goulmima. Non seulement c’était un vrai plaisir d’écouter la poésie mais aussi de constater que la chanson amazigh est en train de vivre une vraie révolution aussi bien sur les thèmes traités que sur sa musicalité.

L’introduction des instruments modernes dans les reprises des chants de Hammou Lyazid, de Moha ou Mouzzoune et des autres pionniers de la chanson amazigh, est une réussite totale. Ce qui amènent les différentes radios à multiplier leur diffusion vu leur acceptation auprès des auditeurs. Je ne risque pas de me tromper en disant que le renouveau pour ne pas dire le salut de la chanson en « darija » viendra du succès de la chanson amazigh.

La chanson en arabe classique reste qualifiée qu’on le veuille ou pas de chanson orientale ou tout simplement égyptienne. A quelques exceptions, aussi belle qu’elle soit la chanson marocaine en arabe classique, elle lui est difficile de faire sa place dans le monde artistique arabe. Pour se faire, nos artistes qui ont du talent sont obligés de passer par le Caire s’ils veulent se faire un nom.

Je ne remets pas en question la qualité des chansons en arabe classiques, certaines sont de vrais chefs d’œuvres et des trésors artistiques, mais cela ne doit pas nous inciter à négliger la chanson en darija qui fait partie de notre patrimoine culturel. Si on avait continué dans la voie de Feu Fouieh, de Maati Belkacem et du maréchal Kébou, la chanson en darija serait écoutée dans le monde arabe plus qu’elle l’est Aujourd’hui.

Maintenant que Tamazighte  n’est pas seulement la langue d’imazighen, mais la langue de tous les marocains, le renouveau de la chanson en darija, doit accompagner celui de tamazighte. Faut-il encore que  les marocains arabophones fassent un effort d’apprentissage de la langue amazigh comme l’ont fait imazighen pour la langue arabe afin de profiter de la richesse de la culture amazigh et plus spécialement de sa poésie.

Me revient à l’esprit un petit fait vécu dans les années soixante-dix à Imilchil lors de la tenue du Moussem des fiançailles. Nous étions trois, Moulay Zine Zahidi, qui était Directeur Général de la Cosumar, Adnane Benbrahim Ingénieur arts et métiers qui était directeur technique  de la même compagnie et moi-même.

L’après-midi alors que Moulay Zine Zahidi est resté à l’écart, Benbrahim et moi avions approché deux jeunes filles qui étaient là à la recherche d’un fiancé. Je commençais à discuter avec l’une d’elle. Au bout d’un moment l’autre fille me dit :. 
-      "Asmoune nek, issiga a3anzoul "? (Ton compagnon est-il muet ?). 
-      "Ourissine tachelhite" (Il ne comprend pas tachelhite) lui ai-je répondu. 
Tout en le regardant avec pitié, la jeune fille me dit :
-      "Igueline" (Le pauvre)

Pour la fille d’imilchil qui n'est jamais allée à l'école, ingénieur d'une grande école ou directeur d’une grande compagnie qu’il était, Adnane demeurait « mesquine » de ne pas pouvoir parler tamazighte. 
Peut être que je ne partage pas, les mêmes raisons que la fille d'Imilchil, mais pour moi aussi, je qualifierais tous ceux qui ne comprennent pas tamazighte pour apprècier sa poèsie d'iguelinen. 

Adnane, si tu me lis, je te salue. 
Une pensée toute particulière pour Moulay Zine Zahidi  

Ainsi va Ghriss. 

Agadir le 23/07/2011

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