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Le peuple est humiliƩ (par Brahim Kouch)

Un marigot intellectuel infesté de margoulins. Spéculateurs en désespoir, ils s’obstinent à faire mariner un peuple, qui a exprimé ses choix, dans le bourbier du désespoir. Comment des hommes mettent tant d’intelligence au service de tant de médiocrité ? Dire : « La démocratie est morte », c’est dire une monstruosité. Non la démocratie n’est pas morte, c’est vous qui n’êtes pas des démocrates. Un démocrate accepte les résultats des urnes,se plie à la volonté du peuple. Que de consultations, que de débats dans lesquels la raison se perd, noyée, et la pensée délire. Dire : « Nous avons la majorité, c’est le premier secrétaire du PJD qui bloque », c’est offensé le peuple. Quand le peuple donne vingt sièges à l’USFP, c’est qu’il refuse que ce parti gouverne ; que l’USFP participe aux consultations nécessaires à la formation d’un gouvernement, malgré son histoire, c’est que le discernement et le courage ont fui ce glorieux parti. La démocratie veut que ce vieux parti se consacre, dans l’opposition, à préparer l’alternance, à fignoler, avec le peuple, un programme de gouvernement.Les subtilités politiques, la rhétorique qui sacrifie la vérité, la voix du peuple, aux mots, aux belles phrases ne sont d’aucune utilité au peuple. Dire : « Je ne trouve personne avec qui discuter, et je refuse un gouvernement condamné à la mort », c’est oublier que le peuple est le premier interlocuteur. Les problèmes s’aggravent, le peuple regarde ses hommes politiques, de tout bord et tous les niveaux, chicaner et ergoter. Ils sont incapables d’affronter le Makhzen, alors ils plongent, pour l’étouffer, le peuple dans un marigot. « L’origine du blocage est la personnalité du premier secrétaire du PJD », soit ce parti est derrière son secrétaire, alors il cède la place et passe à l’opposition, avec possibilité de renverser le prochain gouvernement, soit ce parti propose une autre personnalité. Ce faisant, le PJD donne une forme à ses forces. Les hommes politiques qui jouent, volontairement, à épuiser le corps et l’âme d’un peuple s’humilient, se déprécient, se font du mal. Le peuple, en exprimant ses choix, vous a confié son salut, mais il remarque que vous manquez de talent et de passion, sauf pour la politicaillerie et ses divagations. Si le makhzen est la source du blocage, unis les partis politiques doivent refuser de former un gouvernement, donc lui démontrer l’inanité de son attitude. Tous le marocains, du chaouch jusqu’au ministre, savent que pour accéder à la mangeoire il faut passer par les portes, ou sous les fourches caudines, du makhzen ; le peuple vous dit : « allez-y. Partagez les ressources comme vous voulez,cependant cessez de vous humiliez » ; si vous n’avez pas honte, le peuple ressent la honte à votre place. Le jeu parlementaire, quand les hommes ne sont pas des démocrates et n’ont pas de principes, ne fait qu’aggraver le ressentiment et les problèmes de survie d’un peuple. Chacun de vous veut intégrer l’élite intégrée. Vous mettez, par vos marchandages, fin à une promesse, elle était d’ailleurs fausse la promesse : s’engager dans processus démocratique ? Si le blocage continue, vous allez épuiser jusqu’à la haine que le peuple vous porte, alors, fatigué et épuisé, il finira par vous apprécier, vous aimer ? Comment est-ce possible ? Le désir d’aller à la mangeoire a fait perdre aux négociations, à vos négociations, toute valeur intrinsèque : Vous discuter de qui va occuper un siège, alors qu’il s’agit de se sacrifier pour sortir un peuple d’une situation difficile . Participer au gouvernement pour faire quoi ? Le temps s’écoule et les négociations modifient les perspectives, aggravent les angoisses ; ceux qui mesurent la portée de ses négociations se cachent pour pleurer.

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