" Enfin, étalant la morgue théologique, ils cornent aux oreilles les titres pompeux de docteurs solennels, docteurs trÚs subtils, docteurs séraphiques, docteurs saints, docteurs irréfragables."(1)Pour nous ,l'Islam est un programme de vie, un mouvement progressif qui, vécu consciemment par les hommes , finit par la réalisation sur terre de l'homme estimable et, comme la société est un systÚme de relations que les hommes tissent entre eux, de la meilleur société construite par les hommes. Ce ne sont pas les arabes qui ont fait la grandeur de la religion musulmane, c'est ,au contraire, l'Islam qui a fait la grandeur des musulmans. Les hommes reçoivent leurs qualités à la naissance, au sein de la famille, de la tribu ,c'est à dire le l'environnement; et les meilleurs, les honorables sont ceux qui ont une compréhension profonde des valeurs de la religion. Entre pauvres et riches, libres, affranchis et esclaves, prestigieux et inconnus, le ProphÚte de l'islam faisait vivre, en les rappelant, quotidiennement les valeurs de la religion. Le temps a montré que, aprÚs le prophÚte, les hommes étaient incapables de faire vivre et de vivre l'échelle des valeurs que le prophÚte leur avait légué."Aujourd'hui, j'ai parfait votre religion et ma grùce sur vous. J'agrée l'islam comme étant votre religion."(2)Le prophÚte entrevoyait que l'envie des richesses finira par perdre sa communauté:" Je crains que la vie ne soit trop généreuse pour vous [...].Vous vous disputerez les richesses qu'elle vous offrira [...] et cela vous perdra.(3)
La lutte pour amasser le plus de richesses brisa le processus de construction et de consolidation de la foi; et l'élan créateur fut remplacé par le déclin, l'indolence, l'insouciance, la paresse; et, finalement, la décadence . Peuples décadents, avec une civilisation, un esprit, une raison et un entendement stériles, les prétendus musulmans, comme de petits écoliers, écoutent, présentement, les docteurs irréfragables leur faire la leçon. Des plus aveugles qu'une taupe qui excitent la mollesse, en jouant sur la sensibilité, des foules. Une ùme indolente ne veut écouter que des discours agréables à ses oreilles, seule maniÚre de ne pas se fabriquer des soucis . Pourquoi enfourcher le cheval sauvage de la raison qui "mÚne pùturer dans la perplexité et qui vous laisse s'agiter?"(4).Perplexes et agités, Al -Sßra, la vie du prophÚte, nous obliges à raisonner:"...vers toi Nous descendons le rappel et Nous(Dieu) les(les hommes) engagions ainsi à réfléchir"(5). Cependant, les docteurs ont fait de la religion une marchandise, et qui dit marchandise dit bénéfice ou plus-value .
Un Ă©tranger a vendu des chameaux a Abou Jahl, mais ce dernier refusa de le payer. Des Quraychites ,pour plaisanter, indiquĂšrent Ă l'Ă©tranger que le prophĂšte pouvait l'accompagner auprĂšs d'Abou jahl pout l'obtention de son dĂ». Voyant Mohamed accompagnĂ© de l'Ă©tranger, Abou Jahl perdit son courage et sa constance et rentra Ă la maison chercher la somme qu'il devait Ă l'Ă©tranger. "J'ai vu en Mohamed un Ă©talon furieux ,tout prĂȘt Ă m'engloutir si je ne payais pas" raconta ,plus tard, Abou Jahl. Pour se venger, Abou Jahl couvrait le prophĂšte d'insultes et d'injures, mais le prophĂšte ne rĂ©pondit pas. Les outrages infligĂ©s par les qurayshites au prophĂšte sont nombreux et sans limites: on dĂ©versa sur sa tĂȘt un sac plein de poussiĂšre ,on jeta sur ses Ă©paules un tas d'immondices, contenu des intestins et des boyaux. Chaque fois, le messager continua sa priĂšre, sans brancher. Le docteur Ăšs-humanitĂ©, Ăšs-moralitĂ©, Ăšs-Ă©thique avait montrĂ© le chemin. Le coup de sabot d'un Ăąne n'a pas de rĂ©ponse. Le khalife Omar, dans l'esprit de L'Islam, ajouta:" Ignorer l'ignoble, comme ça il disparaitra." Mais les spĂ©culateurs religieux ont compris que, pour rĂ©aliser des plus-values, il est recommandĂ© de surenchĂ©rir dans la colĂšre, ressentiment.
Alors quel est le contenu du film que les prĂ©tendus musulmans ont jouĂ© sur la scĂšne mondiale comme rĂ©ponse Ă un autre film jouĂ© aux U.S.A ,par quelques amĂ©ricains dĂ©biles? Le film montre une foule qui pille, dĂ©molie, brĂ»le et tue, c'est parait-il sa façon de dĂ©fendre le messager de Dieu. L'homme de la paix qui, dans ses controverses, pratiquait l'excellence dans l'argumentaire, Ă©vitait l'argument provocateur, rugueux et blessant. La rĂ©ponse Ă la provocation, dans sa philosophie, n'est nullement la provocation. Alors comment peut-on qualifier ceux qui, en tuant l'ambassadeur des U.S.A, ont couvert "sa" religion d'opprobre? Deux ou trois amĂ©ricains dĂ©biles ne sont pas l'AmĂ©rique, qui, elle, a condamnĂ© le film. Si les lois amĂ©ricaines garantissent la libre expression, il suffisait de porter l'affaire devant les tribunaux amĂ©ricains, car les mĂȘmes lois garantissent le respect des croyances des autres. Les rĂ©alisateurs du film et la rĂ©daction de Charlie-Hebdo savent trĂšs bien qu'ils colportent des balivernes, mais tactiquement ils sont heureux de le faire. Et les docteurs trĂšs subtils, en donnant Ă l'affaire une tournure politique, ont foncĂ© droit dans le piĂšge :Ils ont utilisĂ© le film pour mobiliser les foules en colĂšre dont le but de montrer leur force et d'asseoir leur pouvoir intĂ©rieur, pouvoir instable. Voiler le vide politique, le manque de justice, la corruption, l'insĂ©curitĂ©, le dĂ©sespoir par la colĂšre d'une foule qui casse, pille est un crime contre l'esprit de L'Islam.
Les docteurs saints ont affirmĂ©, sur plateaux de tĂ©lĂ©vision, que la dĂ©mocratie est une arme inventĂ©e par les occidentaux pour lutter contre l'Islam, et ,Ă la fin le dĂ©molir! Le prophĂšte, chemin faisant, Ă©tait un homme du concret, du positif, de l'effort; sa profondeur spirituelle et son intelligence le poussaient Ă dialoguer avec tout le monde."La dĂ©cision doit sortir d'une consultation entre vous" est la base de la dĂ©mocratie: Le peuple doit dĂ©cider et les responsables-les pouvoirs publics- doivent exĂ©cuter. Cependant, que le peuple se prononce est un danger pour l'Ă©lite au pouvoir, alors elle pratique la surenchĂšre et dit que c'est un danger pour la religion. Un musulman ne peut ĂȘtre un dĂ©mocrate? Les frĂšres musulmans disent que :"L'islam est la solution". le prophĂšte nous a appris que la solution est le peuple, les dĂ©shĂ©ritĂ©s, les esclaves, les sans prestige, les hommes qui combattent sur le chemin de Dieu, sans pour autant commettre d'agressions, Dieu n'aime pas les agresseurs. Marcher, tranquillement et sĂ»rement, sur le chemin de Dieu, c'est avoir une vision globale de L'Islam, ce qui permet une orientation rationnelle des actions, donc de savoir oĂč mĂšne le chemin: Au bout du chemin se trouve quel idĂ©ale? Le monde musulman, Ă l'exception des pays pĂ©troliers, est une zone de douleur humaine, d'injustice oĂč s'Ă©lĂšvent des cris d'espĂ©rance. Cette espĂ©rance s'est engagĂ©e dans plusieurs pays, Egypte, Tunisie, Maroc, sur la voie de L'Islam. Cependant la simonie est lĂ pour lui barrer la route, et l'espĂ©rance, processus spirituel qui tend vers un idĂ©ale type, est vendue contre le temporel. Le film nausĂ©abond participe au brisement de cet Ă©lan d'espoir ; il est une aubaine pour les conservateurs.
Pour faire de l'argent, les penseurs Musulmans et, surtout, les religieux politiques avaient, et continuent prĂ©sentement, brisĂ© la pensĂ©e et le discours islamiques. En plus des branches politico-religieuses habituelles que sont le Malikisme ,le Hanafisme le, le Hanbalisme et le chafiisme, d'autre courants ont fait surface comme la Salafiya, la Jihadya, Al ousoulia. Ne parlons pas des courants historiques, Sunnite et shiite, qui se font, depuis des siĂšcles, une guerre sourde et sans pitiĂ©. Chacun de ces courants a, Ă sa façon et dans sa rĂ©action, utilisĂ© le film abject, non pas pour dĂ©savouer son contenu ,mais pour montrer qu'il est plus musulman que les autres, plus acharnĂ© Ă dĂ©fendre l'islam que les autres, donc il est le plus apte Ă gouverner. Tous ces courants ont un objectif autre que la rĂ©alisation, dans une organisation sociale intelligible, des valeurs suprĂȘmes de l'Islam; Ils ont fait de la foi, non pas une force de vie qui oblige, en coopĂ©rant avec les autres, Ă surmonter les obstacles, mais une routine soutenue par une arrogance intellectuelle:" Nous savons tout, nous pouvons tout expliquer et nous sommes les dĂ©tenteurs de la seule et unique vĂ©ritĂ©", disent, haut et fort, les guides de ces courants. Ils sont, comme dĂ©positaires de la vĂ©ritĂ© divine, prĂȘts Ă tuer, Ă pratiquer le meurtre de masse. Pour avoir la paix, en orientant avec de l'argent la terreur, les occidentaux vont s'appliquer Ă monter les courants les uns contre les autres: La Salafiya contre la Jihadya, Al ousoulia contre les libĂ©raux laĂŻques, le shiisme contre le sunnisme; les armes sont prĂȘtes, l'argent est dans les banques, ils suffit de trouver des hommes Ă manipuler, chose trĂšs facile.
Pour conclure, traitons deux idĂ©es, l'une trĂšs rĂ©cente, elle fait suite aux Ă©vĂšnements dĂ©clenchĂ©s par le film; l'autre, vielle d'environ sept siĂšcles. Il n'y a pas, il n'y aura pas de choc des civilisations. L'Etat actuel du monde, donc de la civilisation humaine, est une construction de toutes les religions; chaque religion a participĂ© Ă sa maniĂšre Ă l'Ă©mergence et la production de notre monde. Les fatwas, les autodafĂ©s, les manifestations ont une dimension politique qui dĂ©borde la modĂ©ration, l'humilitĂ© qui vont de pair avec l'Islam: Expliquer poliment aux occidentaux qu'ils ont tords et que la colĂšre est sincĂšre, mais contrĂŽlĂ©e; nous sommes embarquĂ©e ensemble sur un fĂ©tu de paille, ramons ensemble loin de la violence. Mais les politiques utilisent n'importe quel incident avec l'occident pour renforcer leur pouvoir. Le regrettĂ© Mohamed Arkoun invitait les musulmans Ă accepter la critique et Ă participer Ă la construction de l'homme de demain; L'Islam Ă sa place dans le futur, mais c'est aux musulmans, par leurs actions, de lui assurer cette place. Pour ce faire il suffit de suivre les conseils d'Ibn Khaldoun. Dans la construction de la vĂ©ritĂ©, donc de la science, le chercheur doit ĂȘtre trois fois vigilant.1) Il doit disposer d'une documentation fournie, s'abreuver Ă plusieurs sources et ne pas se fier aux sources traditionnelles. Avoir un esprit critique et profond qui le mĂšne loin de l'erreur, parce qu'il la dĂ©busque. Comparer les documents modernes et rĂ©cents aux anciens.2) ConnaĂźtre les faites; et rendre, en analysant, intelligible ce qui ne la pas Ă©tĂ© en construisant une vĂ©ritĂ© relative. L'imagination n'est pas une explication, il recommander de l'Ă©viter dans les explications!3) Ne pas prendre pour argent comptant l'explication favorable Ă ses propres tendances, ainsi on propage le mensonge(6). Conclusion :Nous ne pouvons jamais ĂȘtre sur que, en faisant de telle oĂč telle maniĂšre, en expliquant de telle oĂč telle façon, nous ne sommes pas fourvoyĂ©s, trompĂ©s."Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien"(6); "Dieu n'a pas rĂ©vĂ©lĂ© toutes choses aux mortels dĂšs le commencement"(7); "En Science, Nous vous avions accordĂ© peu de chose"(8). Alors pourquoi condamner et tuer?
1)Ărasme, dans Eloge de la folie. 2) Le pĂšlerinage d'Adieux ,Paroles du ProphĂšte. (3) Paroles du prophĂšte . 4) Paroles de Hosayn ibn Mansour al HallĂąj. (5) Verset du Coran. (6) Une lecture personnelle de la Muqadima; avons nous bien compris? (6) Socrate. (7) XĂ©nophane.(8) Verset Du Coran.
RĂ©ponse d'Ali Ouidani : tu as raison de dire que " Ce ne sont pas les arabes qui ont fait la grandeur de la religion musulmane," j'ajouterais plutot que c'est l'Islam qui a fait la "grandeur" des arabes.
Pour ce qui est du film et des caricatures de Chalie-Hebdo, L'attitude qu'il fallait observée nous a été dictée comme tu l'as écrit par le khalife Omar: " Ignorer l'ignoble, comme ça il disparaitra."