BKHOU BOU WASSID
Par une après midi de ce mois d’octobre alors Mahma Ali comme tous les habitants de ghriss s’activait à couvrir de feuilles de palmiers les dattes qui sont en train de sécher sur les aires à battre « Inourir » Moha ou Kaida son berger vint lui annoncer la perte d’une chèvre qui a été tuée probablement par un chacal. Kaâssou le chien qui d’habitude accompagnait le troupeau et assurait sa protection était ce jour là indisponible sa patte avant gauche était couverte de henné et bandée suite à une piqûre de scorpion. Bien que sa tristesse fût grande Mahma Ali garda son calme mais jura d’avoir la peau de ce chacal qui a osé s’attaquer à ses chèvres. Elle décida alors de solliciter les services de Mahhdi connu pour être un chasseur de chacals et hyènes et qui d’après la rumeur vendait la viande de ces charognards aux habitants de Tilouine leur faisant croire que c’est de la viande de gazelle. Ce commerce macabre avait duré jusqu’au jour au un habitant de cette bourgade située au sud de Goulmima découvrit de la Bouse dans les boyaux de l’animal tué et conclu ainsi que cette viande n’était pas celle d’une gazelle mais celle d’une hyène. L’affaire fut jugée par le cadi qui acquitta Mahhdi car le plaignant était dans l’impossibilité de prouver son accusation !!!
Mahhdi exigea 100 rials pour tuer le chacal ou 150 rials pour le capturer vivant. Mahma opta pour sa capture et avança la totalité de la somme à Mahhdi qui décida de commencer la traque dès le lendemain mais exigea de maintenir Kaâssou attaché dans la bergerie durant les jours de la traque.
Mahhdi demanda à Baâdid et à Ali ou Aâmr de l’assister dans sa besogne car dit il à trois nous aurons plus de chance de l’avoir dès le premier jour le départ fut fixé à minuit devant la porte du mellah. Arrivés au niveau du marabout « Sidi Amar » nos trois hommes virent une lumière scintillante en forme de tajine aller dans tous les sens. Cet objet volant non identifié (OVNI) ne faisait aucun bruit mais de temps à autre, braquait ses lumières sur les trois hommes comme s’il s’intéressait à ce qu’ils faisaient. Baâdid proposa à ses deux compagnons de faire des gestes d’appel et de voir la réaction de cette chose que beaucoup de gens de la région ont déjà rencontré quand il voyageaient la nuit. des femmes qui partaient couper le bois ont à plusieurs reprises été escortées par cet engin qu’on a appelé au début B’khou bou wassid « monstre aux lumières » ; Voyant qu’il ne faisait de mal à personne, on a fini par lui donner le nom de Bou wassid « chose aux lumières »! Assou ou ben Stitti le berger d’Ist Haddach affirmait même que c’est grâce au guidage par la lumière de Bou wassid qu’il a pu retrouver une chèvre qui s’est perdue en montagne ! Bou wassid s’approchait de lui puis avançait lentement comme s’il demandait au berger de le suivre ! ce qu'avait fait le berger jusqu’au moment où il découvrit la chèvre dans une petite crevasse entre deux rochers. Après s’être rassuré que Assou avait trouvé sa bête, Bou wassid s’éloigna en faisant scintiller ses lumières en signe d’au revoir. Le berger racontait avoir senti un souffle lors du passage de Bou wassid tout près de lui et que ce dernier était en forme de soucoupe.
Bou wassid s’approcha encore un peu plus, intensifia ses lumières et resta durant quelques secondes à une cinquantaine de mètres des trois hommes Mahhdi prit peur et pensa que son jour est arrivé. Ali ou Aâmr le prend par la main et demande à Mahhdi de s’approcher un peu plus des lumières. Au fur et à mesure que nos amis avançaient Bou Wassid reculait de la même cadence tout en dirigeant avec précision un faisceau lumineux sur eux comme pour éclairer le chemin des trois hommes. Au bout de quelques minutes de marche qui semblaient être une éternité pour Mahhdi, les trois hommes découvrirent sous un « azougar » un chacal dans un sommeil profond. Baâdid s’exclama n’est il pas le chacal que nous chassons ? Il prit la bête par la queue l’a tira vers eux le chacal semble être hypnotisé et ne réagit pas Ali ou Aâmr lui attacha les pattes et le mit dans le sac en jute qui avait servi d'emballage aux pains de sucre. Mission terminée le chacal est dans le sac ! et c’est grâce à Bou wassid que nous avons pu capturer le mangeur de la chèvre de Mahamma Ali.
Sur le chemin de retour, avant d’arriver au niveau du mausolée de Sidi Amr, Mahhdi qui s’est un peu éloigné de ses deux compagnons, à la recherche des empreintes d’une éventuelle hyènes qui aurait rodé dans les parages; poussa des cris d’horreur en levant ses deux bras au ciel des cadavres ! des cadavres s’écria t-il !! Étendusà même le sol, les bras écartés, leurs djellabas tachées de sang, et leur mort ou plutôt assassinat est probablement arrivé la veille.
Baâdid retourna lentement un par un les corps sans vie des quatre hommes et reconnu Sekkou Addi, Ali ou hro, Hammou ou Assou et Moha ou Lhou, ces quatre hommes s’étaient rendus à ksar es souk pour rencontrer les français qui lorgnaient sur Ghriss et sa région et à chaque visite ils revenaient avec du sucre du tissu et quelques munitions que le commandant de la place militaire leur remettait en contrepartie des informations sur Goulmima et ses habitants . Or il y’a quinze jours les Berrah des souks avaient averti que toute personne qui se rendrait auprès des nassrani serait punie comme il se doit ! cet avertissement venant des hommes d’Ouskounti n’était pas à prendre à la légère, car Ait Issa Yzm ne badinent pas avec des actes d’une aussi grande importance Et le fait de se rendre à Ksar es Souk est mal vu en ces temps de tension. Quant à s’approvisionner chez les Roumis c’est plus qu’une trahison ! qui mériterait une pendaison Si on ajoutait à tout ça le fait que Ali ou Hro avait dépossédé il y’a une semaine de tous ses biens et même de sa mule Moha ou Lmahti qui est des Ait Issa Yzm ! Est ce donc une punition contre ces personnes qui n’ont pas tenu compte de l’avertissent?
Les habitants du ksar accoururent quand ils furent avertis par Fadma Sekkou qui fauchait le peu de luzerne de son champ situé à coté du lieu du drame. Les pleureuses prirent le relais après l’enterrement des quatre hommes assassinés et dans leurs lamentations suppliaient les gens du ksar à venger les leurs.
On oublia le chacal dans le sac de jute durant toute la journée et quand Mahddi le présenta à Mahhama Ali l’animal était froid, raide et sans vie. Mahhama contente d’avoir vengé sa chèvre paya les trois hommes. Moha ou Kaida content de voir sa patronne satisfaite demanda à cette dernière de lui narrer l’histoire de Ba Haddou