DE GOULMIMA A ASHQELON
Préambule
De Ghriss à Ashqelon ou l’exode de Moshé est un récit ou le réel s’est conjuguée avec l’imaginaire pour retracer ce que de nombreux juifs marocains ont vécu et vivent depuis leur départ des terres qui les a vu naitre et grandir vers une autre terre qui n’était pas la leur, mais qu’ils disent qu’elle leur est promise.
Aussi promise que leur soit la terre de la Palestine, elle n’arrive pas à faire oublier à Khaymi celle qui durant les décennies lui permettait d’arpenter en toute sécurité les sentiers du Haut-Atlas sans avoir une kalachnikov en bandoulière.
Ali Sékou Ouidani
1er Chapitre : Le Départ
Mes cheveux sont devenus sel et poivre, avec une dominance sel. Chez-nous on dit que le nombre de jours qui restent à vivre pour chaque personne sont entre les mains de Dieu. Mais, cela n’empêche qu’une fois la cinquantaine dépassée chaque personne devient consciente que la courbe de sa vie, entame une descente qui se terminera inéluctablement par un départ de vie à trépas.
Celui qui a dit que la vieillesse se manifeste chez un homme lorsque les souvenirs prennent le dessus sur les projets, n’a pas tout à fait tort. Et même si je ne manque pas de projets, depuis mon départ à la retraite ils se rapportent essentiellement à passer le plus de temps possible avec mes enfants, mes petits-enfants et à planifier des voyages afin de découvrir plus de régions, plus de pays et à rencontrer plus de monde. Il m’arrive aussi de passer du temps à me remémorer certains évènements qui se sont déroulés durant ma jeunesse et qui ont marqué mon enfance, dans le but de comprendre le pourquoi et la raison de leurs avènements après plusieurs années de la date de leur déroulement. Cela me procure une satisfaction intérieure par le fait d’avoir compris ce qui s’était vraiment passé.
Parmi les évènements qui m’avaient marqué et à qui je ne trouvais pas de réponse, celui du départ de Moshé, le petit-fils de Khaymi et de sa famille de mon ksar.
Je ne comprenais pas pourquoi la famille de cet ami de classe, qui avait le même âge que moi, avait du jour au lendemain quitté notre localité. Nos deux familles étaient amies au point où il n’y avait pas de fêtes juives ou musulmanes où les deux familles s’invitaient.
Un matin, alors que nous marchions vers l’école, mon ami Moshé me dit
- Ton grand père ne vous a rien dit hier ?
- Non, lui ai-je répondu. Pourquoi, quelque chose est arrivée ?
- J’ai cru entendre mon grand-père Khaymi dire à mon père qu’il va proposer de céder tous nos biens à Moha Ouidani ton grand-père !
- Vous allez déménager à Ksar-Es-Souk, lui dis-je ?
- Je ne sais pas, mais ça m’attriste de quitter mon village, mon école et mes amis si cela arrivait.
Le soir même de cette journée, Khaymi, vint prendre le thé avec mon grand-mère. Tout en faisant semblant de réviser mes leçons sous la faible lumière de la lampe à pétrole, je tendis l’oreille pour écouter ce que se disaient les deux patriarches. Mon grand-père s’aperçu de mon attitude et me demanda de déguerpir au plus vite. En passant devant Khaymi, je vis ses yeux qui brillaient et qui étaient sur le point de déverser des larmes.
Je compris que quelque chose de grave est arrivée ou se prépare.
Quelques jours après nous fûmes invités pour un diner chez les Khaymi. Bien que Mme Khaymi et sa bru l’épouse de Doudou et mère de Moshé n’avaient pas lésinés ur les moyens en nous servant tout ce que la cuisine juive avait de bon, l’ambiance n’était pas joyeuse comme d’habitude. Avant de les quitter Khaymi me prit dans ses bras, me serra et posa un baiser sur mon front. Une larme qu’il n’avait pas pu retenir vint continuer son écoulement sur ma joue. J’étais loin de penser que c’était le dernier repas que prenaient ensemble les deux familles.
A la reprise des cours après les vacances de Noel, c’est tout seul sans mon ami Moshé à qui je pensais souvent que je prenais le chemin de l’école.
Et lorsque je demandais à mon grand-père où sont passés les Khaymi, La seule réponse et explication qu’il me donnait,
Ils sont allés s’installer en Palestine !
Cet événement est resté gravé dans la mémoire de l’enfant que j’étais, sans même savoir où se trouvait cette localité ou ce pays qui porte le nom de Palestine. Le désir de savoir qui a fait partir la famille Khaymi de son village, laissant ses terres et la maison où ses membres étaient nés pour aller vers je ne sais où ne quittait pas mes pensées.
Vont-ils arriver à s’adapter au mode de vie de leurs nouveaux voisins ? Et Doudou va-t-il pouvoir ouvrir un commerce comme celui qu’il avait à Goulmima ?
Souvent ces questions tournaient en boucle dans ma tête durant des heures sans que je leur trouve une réponse.
2eme Chapitre : Les Retrouvailles
Les années ont passé, mais l’envie de savoir ne m’a jamais quitté. Ma joie fut énorme quarante ans après, lorsque Moshé me fait savoir qu’il sera à Paris pour quinze jours et qu’il sera ravi de me revoir. Sans hésitation, j’accepte la proposition. J’allais déjà partir en France à Paris pour une formation, je fis planifier mon voyage à Paris de telle manière à pouvoir revoir mon ami d’enfance. Et même si notre présence ensemble à Paris n’acoïncidé que sur deux jours, cela nous avait suffi pour discuter des dix années que nous avions partagées.
La question restée sans réponse resurgit dans ma tête et je dis à mon ami Moshé :
- Avant de me dire ce que tu es devenu et ce que sont devenus tes parents et ta sœur Yaccoute, Dis-moi pourquoi êtes-vous partis ?
Moshé me raconta les conditions de leur départ du Maroc. Un drame pour mes parents me dit-il. ils ne se sont jamais remis de ce départ. Comme tu le sais mes parents ne parlaient que Berbère, comme tes parents. Pour eux l’hébreu c’est juste pour la prière comme l’est l’arabe pour tes parents. Ma grand-mère n’a pas arrêté de pleurer, sa maison, ses champs de luzerne, sa vache et ses amies musulmanes. Elle n’a survécu que deux années après notre arrivée dans le kibboutz d’Ashqelon. Après le décès de ma grand-mère, mon grand-père est devenu presque dingue, il passait son temps à appeler ses amis du ksar et à chanter les poèmes judéo-berbères.Pour le consoler, mon père lui disait : Père nous sommes venus vers la terre promise ! Ce à quoi il lui répondait : »
- Doudou mon fils, j’ai quitté un paradis pour une terre promise sans savoir ce qu’elle me promet» !
Mon pauvre grand-père ne survécu que quelques mois après le décès de ma grand-mère.Il ne cessait de dire
« A wili a wili, j’étais plus en sécurité lorsque jeune, je marchais derrière mon âne chargé de marchandises et que j’arpentais les chemins escarpésdu haut Atlas pour vendre dans les souks de la région ma marchandise, que dans ces terres où je n’arrive pas à connaitre le nord du sud ».
Ses dernières paroles avant de nous quitter étaient :
- « Si je meurs, enterrez-moi au cimetière de Khouya Brahim à Agoumad, là où musulmans et juifs sont enterrés ensemble sans distinction de religion ». Mon pauvre grand père a été enterré dans un cimetière à la sortie du kibboutz où nous habitions. J’ai ramené sa kipa et je te demande de l’enterrer là il avait souhaité être enterré. Comme ça je réaliserai un peu de son souhait.
Avant que Moshé continue son récit, je prends la kipa, je l’embrasse comme j’embrassais la main de l’oncle Khaymi. Ce geste spontané de ma part le fit éclater en sanglots. Il resta silencieux un moment avant de reprendre.
- Quant à Doudou mon père, qui était commerçant et tenancier d’un magasin au bled, il a été chargé de conduire un des vieux tracteurs du kibboutz. Il quittait la maison le matin sans ambition et revenait le soir fatigué et déprimé. Ma mère passait sa journée à travailler dans les champs à cultiver ou à déterrer les pommes de terre. Les seuls de la famille qui sur le plan physique n’avaient pas trop souffert, étaient ma sœur Yaccoute et moi. Mais mon moral était atteint comme celui des autres membres de la famille. J’ai dû redoubler de classe à deux reprises à cause de l’hébreu et de l’anglais que je ne maitrisais pas. La suite s’est passée dans des conditions moins pénibles pour moi puisque j’ai pu terminer mes études et embrasser une carrière militaire.Je suis actuellement officier supérieur, et j’attends avec impatience ma mise à la retraite pour entamer une vie civile. Yaccoute a eu elle aussi de la chance. Elle s’est perfectionnée dans la couture des habits de femmes. Ce qu’elle avait commencé à faire à Goulmima. A propos, actuellement j’habite Tel-Aviv, j’ai deux enfants et mon épouse qui est originaire de Debdou dans le Maroc-Oriental est médecin dans un hôpital de Jaffa. Un quartier au sud de Tel-Aviv où habite une grande communauté d’arabes-israéliens.
Chapitre 3 :: Adieu les Borjs de mon Mellah !
- J’aimerais bien que tu me racontes comment s’est passé votre périple et votre voyage depuis votre départ de Goulmima, jusqu’à votre installation en Israël.
- Tu veux encore me faire pleurer ? Mais comme tu tiens à savoir, je vais essayer de te raconter ce dont je me souviens.Je n’étais pas au courant de toutes les tractations qui ont eu lieu avant que nous quittions Goulmima.. Je savais que mes parents se préparaient à quitter Ghriss, car nous étions la seule famille juive à l’habiter après le départ de tous les membres de la communauté juive. J’entendais souvent ma mère dire à mon père que pour l’avenir de Yaccoute, il faut penser à déménager de Goulmima. Il ne faut pas s’attendre à ce qu’un juif de Meknès ou de Casablanca se déplace jusqu’à ce bled du sud du Maroc pour demander la main de notre fille. L’avenir de notre fille n’est plus ici lui disait-elle. Pour ne pas attirer les soupçons, mon grand-père Khaymi avait depuis une ou deux années commencé à vendre nos biens, il n’avait gardé que notre maison, la boutique que tenait mon père Doudou et un champ de luzerne pour assurer sa nourriture à notre vache. Mais les choses se sont précipitées m’avait dit mon père lorsque un membre d’une organisation juive américaine, et un juif d’Israël sont venus leur rendre visite à Goulmima. Ces derniers ont laissé entendre à mes parents que notre famille n’est plus en sécurité à cause des menaces que proféraient certains militants de l’Istiqlal qui écoutaient plus les radios égyptiennes et syriennes que la radio marocaine. Et que s’ils ne se dépêchaient pas à partir dans le prochain bateau qui part vers Israël, l’organisation ne pourra plus rien faire pour eux. D’ailleurs dans quelques semaines les produits cashers ne nous seront plus envoyés de Meknès. Suite à ça, mon grand-père a fini par tout brader à un homme du ksar tout en lui demandant d’être discret et de lui accorder un délai d’un mois avant qu’il lui cède ce qu’il lui a vendu. Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai compris que la majorité des juifs qui avaient quitté le Maroc l’avaient fait par contrainte. Mon grand-père m’avait dit qu’ils étaient fait objet de menaces de certains nationalistes du parti de l’Istiqlal et de pressions des organisations sionistes qui voulaient faire immigrer coûte que coûte les marocains de confession juive vers Israël. La peur et la pression avaient fini par avoir raison d’eux et de beaucoup de marocains juifs qui n’avaient pas pu résister. Si c’était maintenant, je ne bougerais pas de mon Mellah natal. D’ailleurs, il n’est pas du tout exclu qu’un jour je reviendrai m’installer dans ma terre natale !
- Ça sera difficile pour toi Moshé et encore plus difficile pour ta petite famille. A Goulmima, il n’y a plus un seul juif, il n’y a plus de synagogue ni de nourriture casher. Tes enfants sont nés ici, ils risquent d’être dépaysés dans ta terre natale comme l’étaient tes parents en arrivant ici. Tout ce que tu peux faire pour eux, c’est de leur apprendre leur langue qui est Tamazight et qu’ils soient fiers de leur identité et de leur culture. Mais revenons aux péripéties de votre voyage de Goulmima vers Israël.
- Le soir du départ et avant de quitter Goulmima, mon grand-père m’avait demandé de l’accompagner faire une dernière tournée dans la palmeraie. Il tenait à dire adieu aux champs et aux palmiers qui étaient les nôtres et qui ont nourri notre famille durant des années. Au retour et avant de traverser pour la dernière fois la porte du Mellah du ksar, il leva les yeux vers ses Borjs et les fixa durant un moment avant de dire d’une voie vaincue par l’émotion :
- Adieu Borjs du Mellah, qui ont vu tant de jeunes femmes juives passer, jusqu’à ma mort, je ne vous oublierai jamais. Et c’est ce même soir d’hiver que par car nous avions quitté Goulmima. Chacun de nous n’avait emporté qu’une valise, laissant de nombreux souvenirs et objets personnels au bled.
Nous avons passé. La première nuit à Ksar-Es-Souk (Errachidia), chez la famille Chètrit. Malgré que nos hôtes nous aient préparé une bonne « Skhina » pour le diner, mon grand-père n’avait aucune envie de manger. Le lendemain vers six heures, nous avions pris la CTM pour Meknès. Ah ce voyage de Ksar-es-Souk à Meknès, je ne l’oublierai jamais. Après un arrêt de quelques heures à Tizi N’Talghoumte, c’est au tour de la neige de nous bloquer à Timahdite nous et quelques véhicules qui circulaient sur cette route. Le car n’était pas chauffé et le cantonnier chargé de surveiller la barrière de neige ne voulait pas lever la barrière tant que le chasse-neige n’arrive d’Azrou. Mon père Doudou qui connaissait Mme Sartakis, une grecque qui tenait la seule auberge de cette localité du Moyen Atlas nous apporta une carafe remplie de thé chaud qu’on se passait entre nous. On n’avait quitté Timahdite que le soir en roulant à une vitesse très réduite derrière le chasse-neige. Le car qui devrait arriver à Meknès vers 18h n’entra à la gare routière que vingt-deux heures passées. Sur place Mr Meyer, le contact qui nous attendait à Meknès fut heureux de voir le car enfin arriver. Il dit à mon père qu’il commençait à geler de froid et à craindre que nous ration le dernier train en partance vers Casablanca. J’avais froid et faim, mais comme Meyer nous demandait de prendre vite nos valises et de le suivre vers la petite gare La Fayette qui n’est qu’à quelques centaines de mètres de la gare routière de la ville nouvelle de Meknès, je n’ai pas osé demander quoi ce soit. Pour ne pas être dérangés par d’autres voyageurs durant le voyage qui va durer toute la nuit, Meyer, nous avait pris des places en première classe pour que nous puissions avoir un compartiment rien que pour nous six. Ce n’est qu’une fois que le train ait quitté la gare que ma mère sortit d’un baluchon qu’elle avait derrière le dos du pain que madame Chétrit lui a remis et les œufs durs qu’elle avait fait cuire à Goulmima. C’était notre seul repas de la journée.
Quelques instants après toute la famille à part Yaccoute et moi fût vaincue par la fatigue et le sommeil. Même les fréquents arrêts du train dans les gares ne les réveillaient pas. Ce n’est qu’au lever du jour que le train arrive enfin à Casablanca. A la sortie de la gare, mon père vit un homme qui portait une kipa, il se dirigea vers lui et avant que mon père lui adresse la parole, l’homme lui demanda s’ils ne sont pas de la famille Khaymi qui arrive du Tafilalet ? Mon père lui répondit par l’affirmative, et l’homme nous demanda de le suivre là où il avait stationné son fourgon et dit à mon père qu’il va nous conduire à l’école hébraïque située du côté de Tite-Mellil dans la périphérie de Casablanca. C’est là-bas où seront regroupées les cinquante familles qui prendront le prochain bateau dont le départ pour Israël est prévu dans quelques jours.
- Ne sortez pas dehors et ne prenez aucun risque qui pourrait entraver votre départ. A l’intérieur de l’école, vous avez tout ce qu’il faut en attendant le jour du voyage nous dit alors cet homme.
Quelques minutes après nous nous trouvâmes dans la cour d’une école où il n’y avait aucun écolier mais dont les classes étaient occupées par des familles venues d’un peu partout du Maroc.
L’endroit ne m’a du tout plu. Le fait de me retrouver cloitré pour plusieurs jours à l’intérieur d’une école, moi qui à Goulmima était libre comme le vent ne m’enchantait pas. Mais à chaque fois je me rappelais de ce que nous disait Sidi Hassan notre instituteur. il nous répétait souvent « Wa 3assa an takrahou chayane, wa houwa khayroune lakoum » (peut être que vous n’allez pas aimer quelque chose alors qu’elle est de votre intérêt). C’est en effet en restant à l’intérieur de cette école que je rencontrais dans la cour Alice qui allait devenir mon épouse !
- Ça te surprend que je me souvienne des versets de Coran me demanda Moshé
- Non, je savais que depuis que tu avais choisi de rester assister avec nous au cours de l’éducation religieuse que ça te plaisait d’apprendre le Coran. Sidi Hassan était très gentil et t’aimait bien. Il t’avait laissé le choix de rester assister au cours ou de sortir.de la classe pendant le cours d’éducation religieuse !
Chapitre 4 En Bateau, tangage et mal de mer
L’après-midi de notre troisième jour, des bus loués par l’Alliance juive vinrent prendre position dans la cour de l’école. Après le petit déjeuner, on fait monter tout le monde dans les bus et une heure environ après on nous fait descendre à l’intérieur du port de commerce de Casablanca.
Sur les quais c’est la grande surprise pour toutes les familles venues de l’intérieur du pays dont c’est la première fois qu’elles voyaient la mer et toute cette quantité d’eau. Mon grand-père qui est resté branché sur le bled dit en soupirant :
- Ah si le bon Dieu peut transporter la moitié de cette eau à Goulmima !
Ce à quoi mon père rétorqua :
- Papa oublie le bled, oublie Ghriss !
- Jamais, « Bladi hya bladi » (mon bled c’est mon bled) lui répondit Khaymi
Notre attente sur les quais ne fut pas longue. Je ne sais pas comment ceux qui sont chargés d’organiser ce voyage ce sont débrouillés, car au bout d’une heure, tout le monde était sur le bateau sans présenter aucun document. D’ailleurs aucun membre de ma famille ne disposait d’un passeport ! Seuls mon grand-père et mon père avaient une carte d’identité grise sur laquelle il y’avait une photo noir et blanc, faite chez Bouhsira à Ksar-es Souk.
Quelques instants après que le bateau ait appareillé, c’est la panique sur le pont. A part quelques enfants tout le monde vomissait ! Mon grand-père pensait qu’il allait mourir. Entre une gorgée d’eau eu une giclée de vomi il dit :
- Achhadou an la illaha ila Allah (je témoigne qu’il n’y a de dieux que Dieu) !
Mon père lui dit :
- Arrête et ne dis pas plus, sinon tu vas prononcer leur profession de foi et devenir musulman !
Par un haut parleur, on demande à tout le monde de descendre vers la cale où on avait déposé nos valises et dans laquelle des matelas étaient alignés. Un membre de l’équipage distribua des comprimés. Deux pour chaque adulte et un comprimé pour chaque enfant. Après la prise de ces comprimés tout le monde tombe dans un sommeil profond sans diner. Ce n’est que le lendemain qu’on nous réveilla pour prendre le petit déjeuner.
Vers 16 heures, par haut parleur l’équipage nous annonça que nous venons de quitter les eaux territoriales marocaines et que nous sommes en face de l’Algérie. Mon grand-père de sa voix que domine l’émotion dit :
- « Allah ihanik a bladi » !
Rien de particulier durant les jours en bateau qui vont suivre. C’étaient des journées où on nous parlait d’Israël et de ce qui nous attendait là-bas, sans nous préciser exactement la localité qui sera notre destination finale. Certains disaient que nous serons installés à Tel-Aviv, d’autres pensaient que c’est à Haifa au nord d’Israël qui sera notre destination. Un jeune originaire d’Aglou près de Tiznit dit qu’importe, que ça soit Tel-Aviv ou Haifa, l’important c’est qu’on soit installés sur la cote pour pouvoir jouer au ballon sur la plage.
Le lendemain c’était journée des documents. On demanda à tous ceux qui détenaient des documents d’identité marocains de les remettre contre des documents israéliens établis sur le bateau par nos accompagnateurs. Un photographe qui faisait partie de l’équipage avait photographié auparavant tous les voyageurs pour leur confectionner de nouveaux documents. On proposa même à ceux qui le désiraient de changer de nom. Des noms à connotation israélienne furent proposés. Et c’est ainsi par exemple que la famille Lévy devient Bar-Lévy.
Les conditions de vie sur le bateau étaient difficiles. Mais pour nous les enfants, les heures que nous passions sur le pont à discuter nous ont permis de nous connaitre et de nouer des amitiés. Le sentiment que j’éprouvais pour Alice augmentait de jour en jour. Je m’arrangeais à être à ses côtés à chaque fois que d’autres jeunes se retrouvaient sur le pont. Elle me plaisait au point où sans me rendre compte, j’ai dit à mon père Doudou :
- Cette Alice me plait beaucoup.
Ce à quoi il m’avait répondu :
- « Diha Frasq. Machi waqt dkchi hada !» (occupe-toi de tes oignons, ce n’est pas le moment de penser à ça) !
Au cinquième jour de navigation, le bateau qui n’était pas un bateau neuf eu sa première panne en plein mer. Le tangage du navire à cause d’une forte houle rendait difficile de se tenir debout sur bateau. On nous demande de ne pas trop utiliser l’eau car si on n’arrive pas à faire redémarrer les moteurs avant le coucher du soleil, notre arrivée en Israël sera retardée d’une journée et les réserves d’eau risquent de ne pas suffire. Après six jours de navigation, tout le monde était fatigué. Heureusement que les moteurs du bateau ont fini par être réparés au milieu de la nuit. Au lever du jour, un membre d’équipage annonce par haut-parleur :
- Le port d’Ashdod en vue. Montez sur le pont si vous voulez voir.
Tout le monde se précipite sur le pont, certaines femmes poussaient des youyous et les jeunes dansaient. Mon grand-père refuse de monter malgré l’insistance de mon père.
- Je ne monterais que si c’est pour voir Goulmima d’Assedrem cria-t-il !
A midi le bateau pour des raisons que personne n’avait comprises, le bateau s’arrêta au large et un marin jeta l’ancre. Et ce n’est que vers 22h qu’il fut amarré enfin dans la baie du petit port d’Ashdod. Du bateau, tout le monde fut embarqué dans de vieux cars vers une destination Inconnue. Il faisait nuit et nous n’avons rien vu de cette ville d’Ashdod dont l’actuel Maire est originaire de Ksar-Es-Souk. Il est de notre âge. Tu dois certainement le connaitre. Il est de la famille Lasry.
- Mais oui ! je pense même qu’on était dans la même classe en première année secondaire au collège Sijilmassa à Ksar-Es-Souk. C’était un beau garçon et madame Blaise notre professeur de français n’appréciait pas que ses cheveux soient induits de brillantine !
Les cars avaient roulé toute la nuit et ce n’est qu’au lever du jour, qu’ils s’arrêtèrent en plein désert dans nulle-part. On nous dispache dans des baraquements en préfabriqué dans ce qui sera nos logements pour plus de trois années.
Chapitre 5 : Notre vie dans le kibboutz
Nous qui avons quitté un pays qui était le nôtre avec des maisons des champs des animaux qui sont les nôtres, nous voilà plongés dans un milieu où rien ne nous appartient. Le kibboutz nous fournit le gîte et le couvert aussi bien que les draps, les couvertures, les vêtements et les chaussures de travail la laverie et les terrains de sports sont communs. Mon grand-père n’arrête pas de pleurer. Lui qui avait tout et qui se retrouve sans rien. L’argent, fruit de la vente de ses biens ne lui a pas été remis en totalité. Mon père Doudou devenu chauffeur d’un vieux tracteur broie son désespoir dans le silence. Yaccoute et moi, le taquinons lorsque nous le voyons sur son tracteur avec un crayon d’épicier derrière l’oreille.
- Tu n’es plus derrière le comptoir de ton épicerie et tu n’as pas besoin de crayon ni de carnet pour marquer ceux à qui tu fais crédit, lui lancions !
Mais ce qui l’énervait plus ce sont les nombreuses convocations pour assister aux réunions sur le thème de « l’identité juive », et sur l’histoire et les traditions d’Israël. Ils nous prennent pour des ignares descendus du Jbel disait-il
Les conditions de vie au kibboutz ne sont pas du tout gaies. On y vit en communauté, les repas étaient pris dans une salle à manger collective, et le travail dans le kibboutz est à heures fixes et parfois contraignantes. Pour gagner le respect et l’amitié des autres membres, il faut travailler dur, montrer un sens de la responsabilité et respecter le règlement intérieur du kibboutz. Il est difficile de se faire des amis. Heureusement que nous sommes tout un groupe de juifs marocains qui sommes installés dans ce même endroit. Nous n’avons quitté ce kibboutz qu’à notre troisième année et après que tous les marocains aient menacé de quitter Israël et de regagner le Maroc si les autorités ne les autorisent pas à s’installer hors du Kibboutz dans un village à la périphérie d’Ashqelon.
- Dis-moi Moshé et pourquoi avez-vous choisi comme destination cette région désertique d’Israël ?
- Ce sont ceux qui avaient initié notre départ du Maroc qui avait choisi ce village perdu à la limite du territoire de Gaza. Et c’est pareil pour tous les juifs sépharades ou orientaux. Contrairement aux l’ashkénaze arrivés d’Europe qui ont été installés à Tel-Aviv ou à Haïfa, nous c’est au désert qu’on nous a installé. Et crois-moi Ali si je te dis que nous avons connu ici en Israël une discrimination que nous n’avons jamais connue au Maroc. Je ne pensais pas qu’on soit racistes entre juifs ! Nous les orientaux, nous sommes des israéliens de seconde catégorie. Ça me fait rire lorsqu’en Europe et aux USA, on qualifie Israël de pays démocratique. Peut-être qu’il est démocratique pour les juifs d’Europe ou d’Amérique mais pas pour les non juifs et pour les juifs qui sont venus des pays musulmans. C’est une vérité aussi amère qu’elle soit, mais c’est comme ça. Nous avons été transportés du port d’Ashdod à notre destination par Bus en pleine nuit certainement pour ne pas voir ce territoire désertique et une fois arrivés nous on nous a installé dans baraquements à l’intérieur du kibboutz. Je ne te décris pas la vie de mes parents dans le kibboutz, ils ne se sont jamais remis. Surtout mes deux grands parents. Pour eux c’est plus une déportation qu’une exode Ils ne sont pas morts de maladie mais de chagrin et d’isolation. Pour eux, le kibboutz n’était qu’un camp où ils étaient parqués. Moi j’étais placé dans un internat pour pouvoir suivre ma scolarité. Ceci étant, peut être aussi que cette vie du kibboutz m’a stimulé pour réussir mes études
- Et pourquoi n’as-tu jamais pensé à venir visiter le Maroc ?
- Si, je l’ai visité une seule fois !
- Ah bon ! Ça je ne le savais pas ! Et tu es revenu à Goulmima ?
- Non, pas à Goulmima. Ne me pose pas assez de questions je suis tenu par le devoir de réserve. N’oublie pas que je suis un officier toujours en activité
- Tu me diras ce que tu veux de cette visite. Je me contenterais de t’écouter.
- Te souviens-tu de la deuxième guerre du Shaba et de la prise de Kolwezi C’était en 1978 ? Nous sommes intervenus pour aider Mobutu à repousser les communistes qui voulaient s’emparer du Katanga Zaïrois.
- Oui mais quel rapport avec ta visite au Maroc ?
- Mon unité avait fait escale à Benguerrir, dans une base pas loin de Marrakech. Et pour la petite histoire, lorsque je suis descendu de mon avion, la première chose que j’avais faite est d’embrasser le sol du tarmac de la base. Ce qui avait surpris et étonné les autres aviateurs qui ne comprenaient pas la signification de mon geste ! Pour moi c’est tout mon pays que j’embrasse. C’est sur la main du roi que je pose mon baiser. C’était un sentiment de joie, d’émotion et certainement de fierté d’être un enfant de ce grand pays. Voilà je m’arrête là
- Non mon ami j’ai encore des questions à te poser. Je ne t’en voudrais pas si tu n’y réponds pas.
- Dis-moi, serais-tu prêt à te battre pour le Maroc ?
- Doutes-tu de l’amour que je porte pour mon pays ?
- Mais ton pays maintenant c’est Israël
- Le Maroc l’est avant Israël. Tu sais mieux que moi que la nationalité marocaine ne se perd pas. Quand on est marocain, on le reste pour toute la vie !
- Oui mais tu n’as aucun papier qui prouve que tu es marocain !
- As-tu toi un papier qui prouve que tu es musulman ?
- Non, mais quel rapport
- La nationalité c’est comme la religion. On les a dans le cœur !
- Donc tu n’hésiteras pas à te battre pour le Maroc ?
- Oui pour le Maroc, et pour le roi. Tu sais il n’y a pas un juif originaire du Maroc qui ne rappelle pas à ses enfants la position courageuse du roi Mohamed V qui avait refusé de livrer ses sujets juifs aux autorités de Vichy. Ce rappel fait partie du testament que laisse chaque juif marocain à ses enfants. A propos j’ai beaucoup apprécié l’histoire de Boudy et Aggou. Elle est de ton invention n’est-ce pas ? Car mon grand-père m’a dit qu’il a connu les trois hommes à Ighrem.
- C’est une histoire vraie. Mais au-delà de l’histoire, on voit la cohabitation pacifique qui existait entre les habitants. Rien ne distinguait les habitants les uns des autres. Tout ce que leurs religions respectives n’interdisaient pas était permis. Mais je dois reconnaitre que vous étiez plus futés que nous. Peut-être à cause du phosphore que contenaient les têtes de poissons que vous mangiez plus que nous !
- Tu me fais rire mais tu n’as pas tort car pour faire accepter par les musulmans certaines choses les juifs avaient trouvé une très bonne astuce. Ils passaient par les fkihs qu’ils soudoyaient pour prononcer certaines fatwa.
- Ah bon et comment ça ?
- Un jour j’ai posé la question à mon grand-père et je lui ai demandé pourquoi les musulmans du ksar ne mangeaient pas d’œufs comme les familles juives?
Il m’a fait assoir et m’a dit :
- Ecoute Moshé. Nos Hazzane (Rabbins) il y a longtemps se sont intervenus auprès des fkihs pour que ces derniers prononcent des fatwas qui protègent les intérêts de la communauté juive. La plus importante de ces fatwa est celle qui protège nos femmes juives des hommes musulmans ; c’est ainsi que les fkihs ont dit que tout musulman qui couche avec une femme juive doit se purifier en prenant un bain d’huile d’olive ! Alors penses-tu, que les gens qui n’avaient pas à avoir assez d’huile pour préparer leurs tajines, vont pouvoir se laver avec de l’huile d’olive ? Cette fatwa n’avait qu’un seul objectif qui est celui d’ôter tout envie d’approcher nos femmes par les musulmans ! Il y a d’autres fatwas comme celle-là comme par exemple ne pas manger de tomate et d’œufs parce qu’elles provoquent le psoriasis qui est une pigmentation de la peau qu’on appelle (Lbars). Mais maintenant on rit de tout ça.
- Tu as raison, c’est ce qu’on nous disait lorsque nous étions jeunes. Bravo pour vos Rabbins !
Chapitre 6 : Dialogue d’espoir
- Et toi Ali, tu ne m’as encore rien dit de Goulmima. Comment ça se passe au pays. Est-ce que le prunier de votre jardin continue à produire de délicieuses « barkokate » (prunes) que ma famille appréciait beaucoup?
- Rien de particulier. Je te résume la situation en quelques mots. A Goulmima, les gens ne meurent pas de faim, mais ne roulent pas sur l’or. Sur le plan relationnel, ce n’est plus comme au temps où vous viviez à Goulmima. L’individualisme l’emporte sur le collectif. Quant au prunier, il a subit le même sort que tous les autres arbres fruitiers. Les vergers qui se trouvaient juste à la périphérie du ksar se sont transformés en champs de luzerne et de blé.
- Ha,ha,ha, tu me refais le coup de Sidi Hammou et Chlomo. C’est une des histoires du bled dont je me rappelle, car mon grand-père me la racontait presque chaque soir.
- Raconte là moi. Je ne connais pas cette histoire !
- D’accord mais après ça sera ton tour de me raconter. Il y’avaient deux commerçants l’un musulmans et l’autre juifs. Ils étaient amis mais également très avares. Sidi Hammou le musulman habitait Fazna et Chlomo le juif Goulmima. Voulant acheter des dattes de qualité, Chlomo se rend au souk hebdomadaire de Fezna et là il rencontre son ami Sidi Hammou qui l’invite à déjeuner. L’épouse de Sidi Hammou leur sert dans un tajine le demi d’un poulet qu’elle pensait manger avec son mari. Avant que Sidi Hammou plonge dans la sauce sa première bouchée de pain, Chlomo, lui dit :
- Tu ne m’as pas raconté comment ni de quoi ton père est mort ?
Sidi Hammou retira du tajine son pain et commença à raconter avec détail la maladie, puis l’agonie et le décès de son père. Lorsqu’il termina son récit il vit que Chlomo avait tout mangé.
Sans rien dire il prend le tajine vide et va trouver sa femme dans la cuisine à laquelle il dit :
- Contentons-nous de pain « nu » et d’eau pour aujourd’hui. Chlomo a tout mangé. Mais la semaine prochaine je lui rendrai la monnaie.
Une semaine après c’est Sidi Hammou qui se rend à Goulmima.et se présente chez son ami Chlomo à l’heure du déjeuner. Après les salutations d’usage, Chlomo invite son ami à déjeuner avec lui. C’est justement ce qu’attendait Sidi Hammou pour rendre la monnaie à son ami. Lorsque l’épouse de Chlomo déposa le plat devant les deux amis, et avant de commencer à manger, Sidi Hammou dit à son ami :
- Dis-moi Chlomo, tu ne m’as pas raconté comment ton pauvre père est mort,
Tout en plongeant son pain dans l’assiette, Chlomo lui répondit :
- Il est mort d’une attaque cardiaque, ça a duré deux minutes. Mangeons Les français disent qu’il ne faut pas parler en mangeant !
Saisissant le message de la réponse de Chlomo, Sidi Hammou ne demanda plus rien et se contenta de manger en même temps que Chlomo !
- Moi aussi j’ai saisi le sens de ton histoire, mais crois-moi, A Goulmima rien n’a presque changé. C’est comme tu l’avais laissé avec en moins sa petite église transformée en une habitation et sa synagogue où les juifs faisaient leurs prières.
- Ce dont je vais te parler, c’est qu’on prépare toujours le même couscous même si ce n’est plus qu’avec des courgettes
- Et pourquoi, on ne cultive plus les courgettes à Goulmima et Taltfraoute ?
- Oh que si ! Et les courgettes de Taltfraoute ont une saveur qui leur est propre. Le Périgord a ses truffes et Taltfraoute ses courgettes !
- Tu as raison Ali. Mais j’espère voir un jour les Imazighen de confession juive qui sont installés en Israël, lever le drapeau Amazigh et clamer haut et fort leur appartenance à ce peuple fier. Et puisque nous abordons ce sujet, j’aimerais que tu me dises pourquoi les Etats arabes ne soutiennent-ils pas les israéliens qui sont pour la paix et contre l’occupation des terres palestiniennes ? Pourquoi ils mettent tout le monde dans le même sac ? Pourquoi confondent-ils le judaïsme qui est une religion reconnue par l’islam et dont Moise est aussi un prophète de l’islam et le sionisme que beaucoup d’entre nous combattent ? Dans quelques années les choses changeront en Israël, les enfants des séfarades commencent à occuper des postes importants et eux sont conscients que si les juifs ont été maltraités et exterminés dans certains pays, cela ne s’est jamais passé en terres d’islam ! Au contraire, les pays musulmans étaient un refuge pour ceux qui fuyaient l’extermination en Europe et qui venaient vivre en paix chez leurs frères musulmans. Viens visiter Israël, tu te rendras compte sur place de l’amour que portent les juifs d’origine marocaine à leur pays et aux rois du Maroc. Tu les entendras dire qu’ils n’hésiteront pas à venir défendre le Maroc contre tout agression extérieure et qu’ils se considèrent toujours marocains et sujets de Sa Majesté. Malheureusement comme je te l’ai déjà dit la majorité des marocains font l’amalgame et ne font pas de différence entre un juif et un sioniste.
- D’accord Moshé mais de votre côté vous ne faites pas assez pour contrer les agissements de vos extrémistes et de colons. Israël est aujourd’hui en position de force, mais le sera-t-il encore demain ? Regarde le nombre de pays qui continuent de soutenir Israël. Ils ne sont plus que trois ou quatre. Les nouvelles techniques de communication ont permis de distinguer l’agresseur de l’agressé, le colonisateur de l’occupé. Israël risque demain de se retrouver seul et de ne pas avoir ce qu’elle refuse de donner aujourd’hui aux palestiniens.
- Tu as raison Ali, cette éventualité n’est pas à exclure et elle peut même mener à la disparition d’Israël !
- Tu sais Moshé, depuis sa création, Israël n’a pas perdu une seule guerre mais aucun des pays arabes qui ont été vaincus n’a disparu de la carte. Vaincus et même humiliés, ces pays ont pu à chaque fois se reconstruire. Penses-tu que ça serait la même chose pour Israël ?
- Non. Une défaite entrainera sa disparition à jamais, c’est pour cette raison qu’Israël attaque sans attendre qu’il soit attaqué ! Mais dis-moi Ali, comment de ton coté tu vois l’avenir des relations arabo-israéliennes ?
- Je vais te dire sans langue de bois et en quelques mots ce que que je pense. Tôt ou tard, les israéliens et les palestiniens finiront par discuter et négocier. Ils regretteront tout ce temps perdu et toutes les vies perdues lors de leurs affrontements. Ils commenceront par créer deux états voisins mais finiront par fusionner par la suite en un seul état sans distinction d’ethnies ou de religions! La Palestine retrouvera son nom et avec ses juifs, ses musulmans et ses chrétiens sera la plus grande puissance régionale et Jérusalem la capitale spirituelle pour les trois religions monothéistes.
- Amen ! que Dieu t’entende cher Ali.
Sur ce vœu nous nous quittâmes tout en nous promettant de nous revoir à Goulmima.
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