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LES INGRATS D’UN KSAR le 26/12/2009 à 12h31

Avec une tour à chacun de ses quatre coins, et les deux borj de son entrée principale qui s’élançaient dans le ciel et dont les motifs Amazigh sculptés dans l'argile par les grands maalem de l'époque ressemblent à des tatouages, le Ksar n’Igoulmimn n’était pas seulement une fierté pour ses habitants mais lui-même il était si fier de ses fils qu’il se voyait déjà bénéficier d’une vie pérenne.
Comment ne pas être confiant dans l’avenir quand on compte parmi ses fils tant d’ingénieurs, d’architectes, de médecins d’officiers supérieurs, de professeurs d’instituteurs de techniciens et de cadres ?
Comment ne pas être fier des siens alors que ces derniers l'avaient défendu jusqu'au bout et que sa prise en janvier 1932 avait nécessité le déplacement en personne de Lucien Saint Résident Général Français au Maroc, et du Général Giraud ? Mais, c’est sans compter avec le dicton arabe qui dit :
« li makhraj men dnia, ma khraj men 3kaib ha » Car aujourd'hui le grand Ksar n’est pas au bout de ses peines ! Il continue à être malmené et charcuté par des apprentis sorciers qui ne connaissent rien de son histoire ni de son système de fonctionnement.
Mais que peut faire le vieux Ksar quand ses propres fils ingénieurs, architectes et autres observent sans réagir ce qui lui arrive?
Je suis certain que sa défiguration lui fait moins mal que l'indifférence et l'ingratitude de ceux qu'il a vu grandir et qui n'ont plus d'yeux que pour les grandes métropoles.
Je suis sûr que s’il pouvait parler, il aurait supplié qu’on le rase et qu'on mette un terme à son agonie à l’image d’un malade incurable qui demandera d’être euthanasié.
 
Ainsi va Ghriss
Janvier 2007

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