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L’KAID OUKHLASS le 26/12/2009 à 12h20

Il y a quelques décennies, la nomination d’un Caïd dans une tribu tenait compte de certains critères qui je l’avoue n’avaient rien de démocratiques. Le seul critère acceptable à mon avis était le fait que les personnes nommées devraient être de familles notables donc de gens qui ont à apporter et à donner plus qu’à prendre.
C’est ainsi que le choix se porte sur les enfants de grandes familles pouvant recevoir chez elles et organiser éventuellement des fêtes dans des grandes circonstances.
Le titre de caïd n’est pas seulement honorifique, mais sa personne est respectée et tout ce que dit le caïd doit être fait. Les citations « Inayawn l’kaid » ou « galkoum l’kaid » sont encore utilisées pour dire qu’on doit exécuter un ordre ou une instruction.
Quelques années après l’indépendance ce critère objectif ou subjectif a disparu des conditions de nomination. Les lauréats des écoles de cadres sont affectés un peu partout au Maroc en remplacement de ces fils de notables arrivés à l’age de la retraite.
Tant mieux me diriez-vous même si dans certains cas, nous ne retrouvons plus « Lhiba » (personalité et prestige) d’un caïd d’antan ! Mais n’est pas « Aglaou » qui veut !
 
Durant la cérémonie de passations de consignes entre un caïd appartenant à une grande famille des Ait Atta et un jeune administrateur fraîchement sorti de l’école,  qui venait d’être affecté à Ghriss et qui était originaire d’un des douars de la Chaouia ; Ali ou 3mr à qui on avait confié la tache de préparer le thé demanda au grand cheikh Sékou d’où est originaire le nouveau caïd ?
Le sage Sékou fit semblant de ne pas avoir entendu, car il n’avait pas la réponse qui plairait et que  l’assistance attendait. Cette assistance composée de tout ce que Ghriss comptait de notables et de membres de toutes les assemblées (lajma3te) d’Assif n’Ghriss aimerait entendre dire que le nouveau caïd est de telle tribu, et qu’il appartient à une telle grande famille … etc.
Quelques instants encore, le préposé au thé profitant d’un moment de silence de l’assistance revint à la charge et dit à haute voix :
- Mata l’kaid dgh a chikh Sékou ? (Qui est ce Caïd ? oh cheikh Sékou)
- Le cheikh Sékou le regarda du coin de l’œil et lui répondit :
- L’Kaid oukhlass ! (Caïd tout court !).
C’est vrai que nous sommes bien loin du prestige dont bénéficiaient un caïd Ouala, un caïd Brahim n’ait Khettouch, un caïd Hro Hadjar, un caïd Bassidi, un caïd Moha Machrouh ou le grand caïd Azouaoui.

Ainsi va Ghriss
 
Agadir le 28 août 2006

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