Bonjour monsieur Ouidani,
L 'hymne à la tolérance ! (Il m'est impossible de citer les noms des chorégraphes , cependant: il y'a des danseurs du Bolchoï et du pavillon Noir)
Finale: La scène du théâtre est tapissée par les danseurs de drapeaux. Le drapeau Irakien avec la devise Dieu est grand est posé à côté de la bannière étoilée des U.S.A; le drapeau bleu ,blanc rouge Français fait face au drapeau Algérien; là -bas, le drapeau d'Israël, placé entre celui de la Chine et celui de la Turquie, regarde le drapeau de la Palestine, qui ,lui-même, est placé entre le drapeau du Japon et de l'Iran...Etc. " Réconciliez les uns et les autres dans la justice: soyez équitables, Dieu aime ceux qui opèrent dans l'équité." Alors Suivront mille ans de calme?!
Le ballet Preljocaj, dans une chorégraphie qui est une suite de tableaux, nous dévoile le destin des hommes et des sociétés. L'apocalypse, dans son sens étymologique , veut dire dévoiler, révéler; c'est la menace qui lève le voile et qui ouvre les yeux de l'homme; la menace qui annonce le désastre et qui pousse à engager les réformes; la lutte triomphante de la vérité; donc de la tolérance et de l'acceptation de l'autre.
Chaque fois que s'insinue dans les plis de la mémoire, de la conscience de l'homme une idée, une croyance, une conviction, une certitude qui a plus d'importance que l'homme lui-même, donc pour laquelle il peut tuer, alors se dégagent, chez l'homme, deux attitudes: transformer la terre en un cimetière pour les hommes qui s'opposent à ses idées, d'un côté. Faire appel à la raison ou à la spiritualité et se poser la question pourquoi le chaos pour des idées? d'un autre côté.
Au Cambodge et au Vietnam, pour faire triompher ses idées, ses croyances, le matérialisme athée a fait deux millions de morts ; aux U.S.A. ,le libéralisme décomplexé et débridé tue, doucement mais sûrement , des millions d'hommes en leur imposant la misère, le chômage.
Dans une succession de paraboles, sous forme de tableaux, les chorégraphes montrent le divorce entre la doctrine, les idées et la marche effective du monde, la réalité. Dans un tableau, ils tiennent entre les lèvres, comme le corbeaux de la fable de la Fontaine tenait un fromage dans son bec, des livres; donc il y'a des livres qui bâillonnent l'homme, qui lui interdisent de discuter, de chercher. C'est le règne de la dictature intellectuelle! Dans un autre tableau, les hommes dansent avec des chaises qui les entravent, mutilent leurs corps; ils sont au service de l'outil et c'est outil qui utilise et mange l'homme. Dans un autre tableau, une pluie de chaînes, des chaînes tombent du ciel et emprisonnent l'homme , l'asphyxie, il est obligé de les porter; Il est alors balloté, remué, agité par les chaînes, donc par des idéaux et des croyances.
Le mur, dans un autre tableau, symbolise une borne; une borne que les pouvoirs centraux, les Etats, imposent aux citoyens. Le pouvoir prétend que la borne est une protection pour les citoyens de la souillure, du vice que les étrangers veulent répandre. L'étranger, le fils de la rue, le sans logis, le mendiant est, dans toutes les civilisations, un danger ,une menace. L'étranger, c'est, selon les civilisations, le chrétien, le juif, le musulman, l'athée, la prostituée, l'émigré. Le mur, la borne protège le bon citoyen de "la débauche importée". Le petit peuple peut faire le mur...la mer, le vide et le néant l'attendent. En réalité, la borne protège les acquis et les avantages des puissants.
L'homme, en utilisant sa raison et sa spiritualité, a prit conscience des dangers, des dangers qui le menaceront s'il reste le jouet de ses idéaux. Alors dans un tumulte, un sursaut de l'humain, il fait place à toutes les identités, à toutes les devises, à tous les drapeaux. Dans une joie fraternelle, chaque identité éclate, se montre, s'exprime, parle, dit, apostrophe : à chacune sa vérité, sa croyance, sa religion. Stop à la dérive aveugle de homme!! Stop à la honte d'être différent! Cependant, chacune, avant d'exprimer sa joie, a pris le soins de nettoyer sa bannière? Dans ce nouveau départ de l'humanité, les hommes refusent les drapeaux gorgés de sang ! Le drapeau du Maroc sèche au soleil à côté des drapeaux Algérien et Français! Suivront mille ans de calme. Mille ans de prospérité, d'amitié. Amen. L'homme est-il capable, comme le suggère la scène finale, d'accomplir l'effort d'adéquation à cet avenir? Ample question.
P.S: Il m'a quitté, il m'a laissé seul et étranger. Dans une de ses rares colères, je le voix et je l'entends dire:" Chez-moi, dans cette maison qui est la mienne, il n'y a pas de blanc ni de noir, ni celui-là est grand celui-ci est petit; nous n'avons pas fait la prison pour ça!" Chez lui, des hommes s'insultaient, il n'avait pas apprécié. Voudra-t-il accepter ce texte comme un salut?
Réponse d'Ali Ouidani : Sans que tu nommes les chorégraphes, la description que tu fais des tableaux représentés par les danseurs donne une idée de la qualité de la représentation
Bssha à Ba Brahim